« L'an dernier, les acheteurs se sont couverts très tôt car ils craignaient de manquer, se souvient Louis Servat, courtier dans l'Aude. Cette année, ils ont pris leur temps. La production est annoncée en hausse de 20 %. Il y a eu un bras de fer en début de campagne entre la production qui réclamait des hausses de prix et le négoce qui tablait sur une stabilité des cours. La campagne n'a vraiment démarré que début décembre, mais elle est particulièrement active depuis. »
Une forte tension demeure sur le cinsault rosé, au point que certains producteurs le monnaient contre des achats de sauvignon ou de chardonnay, beaucoup moins demandés cette année. Alors que le rosé de cinsault s'arrache, les volumes diminuent chaque année. 3 200 hectare de cinsault ont disparu entre 2006 et 2010. Le vignoble est tombé à 8 300 hectareà.
« C'est le produit le plus demandé par la grande distribution (GD). Toutes les grandes enseignes ont un rosé cinsault en marque de distributeur (MDD). Leclerc a basculé sur du cinsault grenache pour pallier le manque de volume », commente Frédéric Galibert, directeur général de Sud Vin, filiale vrac du Val d'Orbieu.
La baisse des volumes en cinsault profite au grenache, dont les échanges progressent très fortement. « Il est dommage que nous n'arrivions pas à convaincre la GD de lancer des MDD en IGP pays d'Oc merlot rosé qui donne de très bons produits car le potentiel de production est là », regrette le directeur de Sud Vin.
Pour l'heure, les cours restent fermes mais certains n'excluent pas qu'ils baissent. « Les belles qualités sont parties et ont été valorisées jusqu'à 75 €/hl. Les prix ne devraient plus être aussi fermes. Le marché devrait se détendre », prédit Frédéric Galibert.