A une période où la viticulture peine – hormis les grands crus et les vins prestigieux –, le vigneron n'a jamais été autant sollicité. Les demandes d'échantillons gratuits pour déguster ou pour accompagner des repas se multiplient. Pour tous ces solliciteurs, le vin n'a pas à être payé, sous prétexte… que c'est du vin ! Le vigneron « arrose ». Qui oserait demander des échantillons gratuits à un magasin ? Qui oserait demander un repas ou un buffet gratuit à un restaurateur, une galette des rois gratuite à un boulanger ? Pas grand monde. En revanche, tout le monde s'imagine que le vigneron a bien quelques bouteilles à donner…
Le pompon revient aux clubs de vins et cours de dégustation qui font grassement payer le client, mais ne payent pas les vins sous le prétexte que « c'est de la promotion ». Verticale, vieux millésimes, le tout aux frais du vigneron qui se déplace (toujours à ses frais) pour constater qu'aucune vente n'a lieu derrière. Certes, le vigneron doit savoir dire non et faire la part des choses. Mais ce système est sournois.
Le gros danger derrière tout cela, c'est le sentiment désagréable qu'une bouteille n'a plus aucune valeur et que le vigneron doit donner gracieusement de son temps pendant que des gens « autour du vin » s'enrichissent sur son dos. Il ne faudrait pas oublier que toutes ces activités autour du vin n'existeraient pas sans les vignerons et leurs vins. Aujourd'hui, elles se développent rapidement et de façon rentable, alors que la grande majorité des vignerons voient leur revenu fondre tout aussi rapidement.