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Autant le dire

“J'ai tout arraché”

André Géromin, viticulteur à Bordeaux - La vigne - n°227 - janvier 2011 - page 8

J'avais 13 hectares de vignes, en AOC Bordeaux et Bordeaux supérieur. Je me suis installé en 1977. Jusqu'en 2000, on n'avait pas de problème pour écouler notre vrac. En 2000, j'ai passé un partenariat avec un négociant qui m'a pris la totalité de mon vrac, soit 700 à 800 hectos.

Ce négociant a mis en place une charte de qualité, il y avait des contraintes, mais c'était payant. Ce partenariat a été reconduit tous les ans. Fin 2008, ce partenariat est tombé à l'eau. J'ai été viré. J'ai fait ma récolte 2009 et j'ai vendu 650 € le tonneau ! Début 2010, j'ai pris ma décision : arracher 10 hectares de mes vignes. J'ai décidé de garder 3 ha en fermage.

Le 15 mai prochain, la vigne sera arrachée. Je vais toucher une prime d'arrache de 6 300 euros à l'hectare. Cet argent, je vais le placer. J'ai vendu le matériel à un bon prix : mes quatre cuves inox, la benne élévatrice, le fouloir, l'érafloir. J'ai 57 ans, je suis soulagé, mais je ne suis pas content.

La mentalité des viticulteurs aujourd'hui n'est pas bonne. Dans les réunions des ODG, personne ne bouge alors que j'ai l'impression que la production est en hausse et la consommation à la baisse. Je regrette que l'on ait laissé planter tout et n'importe quoi.

Il y a trop de vignes, trop de vins. Je suis désolé quand je vois que pour certains la prime d'arrachage sert à manger. Pour moi, les remèdes ? Inciter à l'arrache avec des primes plus conséquentes, assainir les vieilles vignes et ne garder que du qualitatif. Mais assainir, arracher ce n'est pas dans la mentalité des viticulteurs. Certains préfèrent laisser s'enfoncer le voisin pour pouvoir ensuite racheter à bas prix sa vigne.

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