L'Organisme de défense et de gestion de l'AOC Côtes-du-Rhône a lancé un mot d'ordre en début de campagne : augmenter le prix des entrées de gamme de 15 €/hl vu la petite récolte et les faibles stocks. Cela ne plaît pas à tout le monde… « La grande distribution, dont l'appellation est fortement dépendante, trouve la note trop salée, lance un courtier. Elle serait prête à consentir 2 à 3 % de plus, mais pas au-delà. Résultat, elle attend. » Il poursuit : « Les transactions actuelles portent surtout sur des vins médaillés ou de belle qualité… » Philippe Pellaton, le président de l'ODG conteste cette rumeur. « Les volumes de vrac commercialisés enregistrent actuellement un rebond de 15 % par rapport à l'an passé à la même période. Tous les segments en profitent. Idem en valeur. Il n'y a plus aucun litre de vin qui se vend à moins de 90 €/hl. » Selon lui, les acheteurs de la GD sont bien présents aux achats…
Le cours moyen du vrac, enregistré par l'interprofession, essuie lui aussi, la critique. « Il est surévalué, car il intègre le prix des vins bios », commente un acheteur. « Cela a toujours été le cas ! » rétorque Brice Eymard, responsable du service économie. « Sans le bio, en 2010, le cours du régional rouge affiche fin février 103,60 €/hl contre 108,70 €/hl avec le bio. Le bio ne représente que 5 à 6 % des volumes échangés. » Pour éviter l'anathème, la cotation des vins bios sera séparée de celle des conventionnels dès le mois prochain.
En attendant, les réunions de terrain animées par l'ODG portent leurs fruits. « J'ai refusé de vendre mes entrées de gamme en dessous de 90 €/hl à un courtier grâce au mot d'ordre syndical, confie un Vauclusien qui commercialise 75 % de sa production en vrac. Un autre acheteur s'est présenté et me les a achetés au-dessus de ce prix. Mieux, il les a enlevés aussitôt ! »