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éditorial

L'esprit français

Par Bertrand Collard, rédacteur en chef de La Vigne - La vigne - n°230 - avril 2011 - page 5

A en croire de multiples sondages, la France est un pays déprimé. Perdue dans les brumes de ses idées noires, elle ne voit pas le trésor devant ses yeux : son image, l'idée que les étrangers ont d'elle. Pour nos voisins européens, nos amis nord-américains, chinois, japonais ou russes, nous sommes un pays à part : le pays du tourisme, de l'art de vivre, de la culture, du luxe et de la mode. Notre esprit est fait de créativité et d'audace, mais aussi – personne n'est parfait – de nombrilisme et d'arrogance.

FranceAgriMer, dont les études nous révèlent ces faits, ajoute que nos vins bénéficient pleinement de cette image. Mieux encore : ils concentrent nos traits de caractère. Bien sûr, il s'agit-là d'un portrait reconstitué à partir de centaines d'entretiens avec des acheteurs et des consommateurs, évacuant bien des nuances. Aux Etats-Unis, par exemple, notre image a bien vieilli. Mais l'essentiel est là : nous avons un atout en or. Reste à savoir pourquoi nous avons tant reculé à l'exportation. Les causes sont multiples. D'abord, nous n'exploitons pas notre image. Longtemps, les Français ont refusé de dérouler leur drapeau de peur de passer pour chauvins ou pire, nationalistes ! Les viticulteurs, plus que les autres ont eu cette réticence, attachés qu'ils sont à leur identité régionale. Mais la page devrait se tourner. Toutes les grandes régions ont pris conscience qu'elles seront plus facilement identifiables par un Asiatique ou un Américain si elles affichent leur appartenance à la France. Nous avons aussi reculé parce que nous ne sommes pas assez commerçants. Lorsque l'offre est excédentaire comme ce fut le cas ces dix dernières années, il faut se bagarrer pour vendre et non pas attendre que les acheteurs viennent s'approvisionner. Ce n'est pas notre fort. Et sur ce plan-là, les choses ne semblent pas s'arranger.

Une étude de l'université de Bordeaux montre que les sites internet des châteaux et domaines de la région sont tout sauf marchands, beaucoup d'entre eux n'indiquant même pas les prix de vente de leurs vins ! Voilà donc un autre trait de l'esprit français qui se perpétue.

Heureusement, la nouvelle conjoncture mondiale, faite d'un très net assainissement du marché du vin, atténue ce handicap. Décidément, l'horizon s'éclairci !

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