Après avoir été consultant pendant quinze ans dans diverses « bodegas » argentines, l'œnologue bordelais Michel Rolland voulait son propre domaine. Il a jeté son dévolu sur un terrain de 850 ha à Vistaflores, à 90 km au sud de Mendoza. Un désert où il pleut moins de 300 mm par an. C'est « la beauté des Andes et la composition des sols » qui l'ont convaincu.
Tout était à faire
Mais « 850 hectares c'était au-dessus de mes moyens », raconte-t-il. Avec son associé, Jean-Michel Arcaute, il contacte donc cinq autres grands noms bordelais : Catherine Péré-Vergé (héritière de Cristal d'Arques), Laurent Dassault, Nadine de Rothschild, la famille Cuvelier et la famille d'Aulan, tous propriétaires de plusieurs châteaux. Ainsi est né le « clos de los Siete » (clos des sept).
Terrassements, creusement de puits, connexion au réseau électrique… Tout était à réaliser, « avec la seule intention de développer l'image de la qualité en Argentine », indique Michel Rolland.
Un premier chai est prêt pour la vendange 2002 : Monteviejo, celui de Catherine Péré-Vergé. Quatre autres lui succèdent : Flecha de los Andes (Dassault et Rothschild), Cuvelier los Andes, Diamandes (de la famille Bonnie, les d'Aulan ayant décidé de se consacrer à un autre projet) et le dernier, celui de Michel Rolland, Mariflor. Des investissements pour un montant total de 70 millions de dollars. Toutes les caves confient 50 % de leur production à Michel Rolland pour qu'il élabore l'assemblage du Clos de los Siete. L'affaire marche : un million de bouteilles sont produites en 2010, dont 80 % exportées vers 40 pays. En France, ce vin se vend 12 à 14 euros. Ensuite, chaque vigneron élabore ses propres étiquettes, mais toujours sous la houlette de Michel Rolland. « Avec les mêmes cépages, il fait 25 étiquettes, toutes différentes », explique Anne Cuvelier.
« Une petite appellation »
« 850 hectares, c'est la superficie de Pomerol, précise Michel Rolland. Et tous les pomerols ne sont pas semblables ! A Vistaflores, le terrain et l'altitude donnent des vins de caractères différents. » Le domaine se prend même pour « une petite appellation à lui tout seul ».
CE QUE ÇA VA CHANGER POUR VOUS
Les investisseurs à l'origine de ce projet le reconnaissent eux-mêmes, le clos de los Siete c'est « l'exportation du savoir-faire bordelais en Argentine pour produire le meilleur vin argentin ». Ils ont trouvé là-bas une liberté d'entreprendre et de composer des vins qu'ils n'auraient pas eu en France. La reconnaissance de notre savoir-faire s'en trouve renforcée, mais la concurrence aussi.