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DOSSIER - Cartographie parcellaire : Le boum des services

A chaque zone, sa dose de traitement

La vigne - n°230 - avril 2011 - page 32

Partant du principe que les vignes peu vigoureuses ont besoin d'être moins traitées que les vignes vigoureuses, des viticulteurs essaient de moduler les doses de fongicides. Les manières d'y parvenir sont plus ou moins sophistiquées.
Patrick Bongard, directeur des vignobles Castel (à gauche) et Daniel Emery, chef de culture montrent l'entrée dans une zone de vigueur modérée d'une parcelle du château du Lort, à Yvrac, en Gironde. Ce repère sert aux tractoristes pour adapter leur vitesse lors des traitements. © P.ROY

Patrick Bongard, directeur des vignobles Castel (à gauche) et Daniel Emery, chef de culture montrent l'entrée dans une zone de vigueur modérée d'une parcelle du château du Lort, à Yvrac, en Gironde. Ce repère sert aux tractoristes pour adapter leur vitesse lors des traitements. © P.ROY

Au cours des trois dernières années, le groupe Castel a cartographié ses 1 200 ha de vignoble (récemment porté à 1 500 ha) dans le Bordelais. Le numéro un français du vin a opté pour Œnoview. Ce procédé a révélé que les vignes se répartissent ainsi : 25 % sont peu vigoureuses, 60 % de vigueur modérée et 15 % vigoureuses.

Ce zonage a été utilisé pour moduler les traitements contre le mildiou, l'oïdium, le botrytis et les tordeuses. Castel a maintenu les doses d'homologation sur les zones vigoureuses, les a réduites de 15 % sur les vignes à vigueur modérée et de 25 % sur les vignes peu vigoureuses.

Accélérer en zone peu vigoureuse.

Un marquage des piquets indique les différentes zones aux tractoristes. En zone peu vigoureuse, ces ouvriers augmentent le régime moteur pour réduire les doses et inversement.

La cartographie Œnoview est aussi utilisée pour moduler la fertilisation, avec d'autres critères comme la nature des sols. Une nouvelle prise de vue par satellite sera réalisée trois ans après la première, pour suivre l'évolution du vignoble. « Nous voulons vérifier si nos corrections ont réduit l'hétérogénéité intraparcellaire », explique Patrick Bongard, directeur des châteaux Castel.

Et d'ajouter : « Nous souhaitions avoir une photo d'ensemble de la vigueur sur toutes nos propriétés. Avant Œnoview, notre vignoble était constitué de 70 parcelles. Depuis, nous avons identifié 210 îlots. Nous sommes donc trois fois plus précis. »

Les Vignerons de Tutiac travaillent avec la société paloise Spray Concept et Géocarta sur la modélisation des doses d'intrants en fonction de la carte des sols. La coopérative a déjà cartographié 2 500 ha sur les 4 000 ha que cultivent ses adhérents. « En complément de ces données sur nos sols, nous recherchons les critères agronomiques qui influent sur la sensibilité des vignes au mildiou. Nous devrions aboutir cette année. L'idée est de moduler les doses de fongicide en fonction de ces données », indique Jérôme Ossard, responsable du vignoble.

Des essais d'injection directe

Le dispositif SP-ID (Spraying Par Injection Directe) développé par Spray Concept permet d'injecter les produits phytosanitaires au fur et à mesure que l'on traite. Il n'y a pas de préparation de bouillie. Chaque produit est versé dans sa propre petite cuve. La cuve principale ne contient que de l'eau propre. Le dosage est commandé grâce à une console électronique, en fonction des données pédologiques et agronomiques. Des essais vont être menés cette année chez un coopérateur sur une surface de 30 ha.

Une mesure en temps réel pour piloter le pulvé

Le château Rieussec en Sauternes a choisi le procédé GreenSeeker pour réguler la protection phytosanitaire.

Depuis deux ans, il mène des essais sur une dizaine d'hectares parmi les 92 ha que compte le vignoble. La vigueur est mesurée durant le traitement. L'ordinateur de bord adapte en temps réel les doses appliquées en modulant la pression de pulvérisation.

Ces doses peuvent ainsi varier de 30 %. Enfin de traitement, le pocket PC établit la carte de la vigueur de la vigne traitée et celle des doses appliquées. Avant chaque application, des mesures sont réalisées sur une quinzaine de rangs par parcelle pour trouver la vigueur maximale et la vigueur minimale et calculer les doses de traitement. « Sur les deux derniers millésimes, nous avons pu réduire de 17 % le volume de fongicide utilisé pour nos traitements mildiou et oïdium, tout en maintenant un niveau sanitaire irréprochable, indique le chef de culture Jean de Roquefeuil. Mais ces résultats demandent à être confirmés, car la pression mildiou n'a pas été très forte. Qu'en serait-il si nous avions une année comme 2007 ? C'est ce que nous souhaitons vérifier avant de déployer ce dispositif sur le reste du vignoble. »

Cet article fait partie du dossier Cartographie parcellaire : Le boum des services

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