Malgré une récolte en baisse de 10 %, la campagne a démarré mollement pour l'AOC Bordeaux rosé. En cause : les 40 000 hl de rosé 2009 qui n'ont pas trouvé preneur lors de la campagne passée et ont désorganisé le marché. « En 2008, la récolte a été faible (155 000 hl), nous avons manqué de produit. Les cours se sont envolés. L'année d'après, la production a explosé à 248 000 hl, déséquilibrant le marché », analyse Philippe Hébrard, directeur de la cave de Rauzan, un des gros opérateurs avec 20 000 hl par an.
En cumul à fin avril, le volume de transactions est en recul de 7 % et le cours moyen est en retrait de 6 % tous millésimes confondus. Cette évolution globale dissimule une réalité plus contrastée. « Le rosé est un marché à deux vitesses, constate le courtier Xavier Coumau. Il y a eu une bonne activité sur les belles qualités. Le négoce s'est couvert tôt et les prix sont restés fermes jusqu'à 1 150 euros le tonneau (128 €/hl). Mais les entrées de gamme ont souffert du reliquat de stock. Les quelques transactions à 700-650 euros le tonneau (78-73 €/hl) ont déstabilisé le marché. »
Depuis trois ans, le prix du Bordeaux rosé est 5 à 10 % supérieur à celui du rouge.
« Le rosé est porteur, mais c'est un marché à risque, car les volumes sont liés à la météo et la durée de vie du produit est courte, explique Allan Sichel, président des négociants. Cela ne doit pas être un sous-produit des rouges, utilisé en fonction de la conjoncture. Ce vin doit être élaboré par des opérateurs ayant l'équipement adéquat. »
Un avis partagé par Bernard Farges, président de l'ODG : « Nous voulons décourager les “intermittents du rosé”. Nous envisageons de renforcer les exigences du cahier des charges pour dissuader les producteurs occasionnels, qui, même avec de faibles volumes, peuvent déstabiliser ce marché. »