En grandes surfaces, les choses se passent pourtant bien pour le cabernet- d'anjou. Les ventes sont en hausse de 13 % en cumul annuel arrêté à fin avril alors que ce circuit écoule près de 60 % des volumes. Si bien que les sorties de chais devraient être de l'ordre de 270 000 hl, à la fin de la campagne, selon les prévisions de l'interprofession. « C'est la deuxième meilleure campagne de l'histoire de cette appellation », souligne Fanny Gillet, responsable de l'observatoire économique d'InterLoire.
Sur le marché du vrac, c'est une autre musique. Les deux dernières récoltes ont été abondantes (quelque 330 000 hl). Le négoce a privilégié les achats de moûts et de raisins, délaissant les vins finis. Il y a donc du stock dans les caves en ce début juillet « de l'ordre de 100 000 hl », précise Fanny Gillet. Conséquence, les cours décrochent, avec une moyenne en baisse de 5 % par rapport à la campagne 2009-2010. Et l'inquiétude va grandissant. Du côté du rosé d'anjou, les prix chutent de 15 %. Traditionnellement orienté sur les marchés export, le rosé d'anjou a perdu des positions après le gel de 2008. Il commence tout juste à reprendre sa place aux Pays-Bas, et plus modestement au Royaume-Uni. Du coup, certains opérateurs l'ont implanté dans la grande distribution française. Au final, l'appellation devrait s'équilibrer, mais les cours sont passés sous la barre des 100 €/hl. Soit le niveau de 2003 !
L'heure est à la gestion rigoureuse des volumes produits. Pour la prochaine récolte, le syndicat envisage de s'en tenir aux rendements de base (65 hl/ha en rosé d'anjou et 60 hl/ha en cabernet-d'anjou), alors que depuis des années, il obtenait 5 hl/ha. « Il faut stabiliser la production », souligne Patrice Laurendeau, président de la Fédération viticole de l'Anjou.