Retour

imprimer l'article Imprimer

VIGNE

L'entrée réussie des nouveaux herbicides

Christelle Stef - La vigne - n°235 - octobre 2011 - page 46

Deux herbicides ont réalisé leur première vraie campagne cette année. Voici ce qu'en pensent les distributeurs et deux viticulteurs
APPLICATION EN PRÉLEVÉE. Sur ce créneau, peu de produits subsistent. L'arrivée de Boa est donc une bonne alternative. © C. WATIER

APPLICATION EN PRÉLEVÉE. Sur ce créneau, peu de produits subsistent. L'arrivée de Boa est donc une bonne alternative. © C. WATIER

BOA : Économique, mais peu persistant

Le produit

Boa est un herbicide de prélevée de Dow Agrosciences qui contient 20 g/l de penoxsulame. C'est un antigerminatif, mais il présente aussi une action de contact sur les jeunes plantules. Il est efficace sur une dizaine de dicotylédones, notamment la morelle, l'amarante, l'érigéron, le séneçon et le chénopode. Dow le propose en association avec Surflan, Emir ou Sheik, sous la forme de packs avec des bidons thermosoudés. Mais il peut également s'acheter seul.

Ce qu'ils en pensent

« Nous l'avons référencé dans quasiment toutes nos filiales, rapporte Emmanuel Brosse, responsable technique vigne au sein du groupe Isidore. C'est un antigerminatif, un créneau sur lequel il reste peu de produits disponibles. C'est donc une bonne alternative. Nous l'avons préconisé en association avec Emir ou Surflan, en sortie d'hiver, car il complète bien les spectres de ces produits », poursuit-il.

Laurent Paupelard, responsable technique et environnement chez Soufflet Vigne l'a également référencé. « Appliqué seul, son spectre d'efficacité est assez limité et sa rémanence est faible : seulement deux mois. Mais il bouche les trous dans les spectres des autres herbicides. Par exemple, Katana, à base de flazasulfuron, n'est pas efficace sur la morelle. Or, c'est une espèce très problématique en Beaujolais. Boa associé à Katana contrôle les premières levées de morelle. C'est un mélange que les firmes ne recommandent pas, mais qui fonctionne bien. »

« Des applications au plus près des levées »

Soufflet Vigne préconise aussi Boa + Surflan dans les vignes installées où les viticulteurs rencontrent des problèmes de phytotoxicité avec Pledge ou Katana. En effet, Boa élargit le spectre de Surflan, sur l'amarante notamment.

« Le seul inconvénient de Boa est sa rémanence. Elle est assez courte. Nous retardons les applications de sortie d'hiver pour être au plus près des levées », nuance Laurent Paupelard.

Autre avantage de ce nouvel herbicide : son coût, de l'ordre de 30 à 35 €/ha en plein. « Dans le cadre d'un programme séquentiel, nous conseillons l'application d'un foliaire en avril, puis Boa associé à un foliaire à dose réduite juste avant la floraison, explique Xavier Besson, de LVVD (Loire vinifiviti distribution). C'est une stratégie très économique, même si elle oblige à réaliser deux passages. »

La seule chose que regrettent les distributeurs, c'est de ne pas pouvoir appliquer Boa au-delà du stade boutons floraux séparés. « Un positionnement en mai-juin permettrait de bien contrôler les levées estivales », relève Emmanuel Brosse. La firme en est consciente. « Nous sommes en train d'effectuer les démarches pour lever cette restriction, afin que nous puissions élargir la période d'utilisation du produit », indique Alain Pescay, chez Dow Agrosciences.

GUILD/VERTICAL : L'économiseur de glyphosate

Le produit

Vendu sous les deux noms de Guild et de Vertical, cet herbicide de post-levée d'Arysta Lifescience se compose de 261 g/l de glyphosate et de 1,71 g/l de pyraflufen-éthyl. Il s'applique de mars à fin juin début juillet à la dose de 4 à 8 l/ha selon la flore visée et le produit associé.

Ce qu'ils en pensent

« C'est une bonne alternative au glyphosate solo et il nous permet de contrôler certaines plantes difficiles comme la chondrille, constate Thierry Favier, de la Coopérative agricole Provence Languedoc (CAPL). Mais c'est un produit très technique, réservé aux viticulteurs qui savent reconnaître les mauvaises herbes en sortie d'hiver. En effet, il y a une dose homologuée par famille d'espèces. Et certaines plantes, comme le géranium, passent à travers. En prenant en compte ces paramètres, les résultats sont remarquables. »

Jean-Yves Boileau, chez Cohésis Vigne, a également référencé ce produit, car « il permet de réduire les doses de glyphosate tout en restant efficace. Lors de cette campagne, les viticulteurs l'ont plutôt appliqué l'été par tache sur le liseron. L'efficacité est très rapide, du fait du pyraflufen-éthyl. Dix jours après le traitement, les liserons faisaient déjà pâle figure, alors qu'avec un glyphosate solo, il faut attendre au moins quinze jours pour avoir le même résultat. Lors de la prochaine campagne, nous allons voir si nous pouvons l'inscrire dans un programme de désherbage avant le débourrement, associé ou non à un herbicide de prélevée. »

Bon rapport qualité/prix

Xavier Besson, de LVVD, l'a ajouté à sa gamme pour les mêmes raisons. « On remplace beaucoup de glyphosate par un peu de pyraflufen. C'est intéressant pour l'environnement », souligne-t-il. Sans compter que « son rapport qualité/prix est correct », précise Jean-Yves Boileau.

De son côté Laurent Paupelard ne l'a pas référencé. « Dans nos essais, il a eu une efficacité variable sur le géranium. En plus, le glyphosate n'a pas le temps d'être véhiculé dans toute la plante, car le pyraflufen exerce une action de choc sur elle. Il y a donc une perte d'effet systémique », regrette-t-il.

Le Point de vue de

Guy Legras, Champagne Legras-Frappart, 2 ha de vignes à Chouilly et Avenay-Val-d'Or (Marne)

« Boa complète bien le spectre du Surfl an »

Guy Legras, Champagne Legras-Frappart, 2 ha de vignes à Chouilly et Avenay-Val-d'Or (Marne)

Guy Legras, Champagne Legras-Frappart, 2 ha de vignes à Chouilly et Avenay-Val-d'Or (Marne)

« Mes vignes sont assez gélives. Il est difficile de les enherber sans accentuer le risque de gel. Et je ne veux pas me lancer dans le travail du sol. Il demande un trop grand nombre de passages. Cela augmente les émissions de gaz à effet de serre. Pour moi, ce serait un retour en arrière. Je désherbe donc toujours mes vignes en plein.

Cette année, j'ai appliqué Boa + Surflan + Derby en sortie d'hiver. J'ai choisi cette association pour alterner les produits. En plus, je voulais éviter d'utiliser Pledge, à cause des problèmes de phytotoxicité par splashing (éclaboussure) qu'il occasionne. Même en appliquant Pledge longtemps en avance, c'est un phénomène que l'on ne peut pas maîtriser. L'association Boa + Surflan + Derby m'a permis de bien contrôler toutes les espèces présentes sur mon exploitation. Boa a bien complété le spectre de Surflan. »

Le Point de vue de

Bruno Barbot, chef de culture du domaine Biotteau à Saint-Jean-des-Mauvrets (Maine-et-Loire), 200 ha de vignes

« Vertical a une action rapide »

Bruno Barbot, chef de culture du domaine Biotteau à Saint-Jean-des-Mauvrets (Maine-et-Loire), 200 ha de vignes

Bruno Barbot, chef de culture du domaine Biotteau à Saint-Jean-des-Mauvrets (Maine-et-Loire), 200 ha de vignes

« J'ai utilisé Vertical pour la première fois lors de cette campagne sur toute l'exploitation. Je l'ai appliqué en juillet en rattrapage sur le liseron et le chardon. Je suis intervenu uniquement sous le cavaillon, car les interrangs sont enherbés.

Pour cela, je suis équipé d'une tête Avidor qui me permet de réduire les doses. Je ne suis passé que sur les taches à la dose de 2 l/ha en moyenne. J'ai choisi Vertical, car il est rapidement à l'abri du lessivage. Cela m'a permis d'intervenir par temps de pluie. Même si une averse survient une heure après l'application, le produit reste efficace. De plus, il agit très vite. Deux jours après le traitement, les feuilles de la plante commencent à se rétracter. Au bout de dix jours, elle est complètement grillée. Ce produit m'a donné entière satisfaction.

Il faut juste faire attention à bien mélanger la bouillie, car le produit est un peu épais. »

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :