De 2008 à 2010, les chambres d'agriculture de l'Aude, du Gard, du Vaucluse, du Var et des Bouches-du-Rhône ainsi que l'IFV ont mené des essais sur l'intérêt d'irriguer tardivement. Leurs techniciens ont comparé trois modalités irriguées à un témoin non irrigué sur six parcelles portant du cinsault, de la syrah, du grenache, du cabernet-sauvignon et du merlot.
Dans la première modalité, ils ont irrigué la vigne de la floraison à la véraison, dans la deuxième, de la véraison à la récolte, et, dans la troisième, de la floraison à la récolte. Ils ont apporté en moyenne de 1 à 2 mm par jour, des doses ajustées en fonction de la pluviométrie et du profil de vin visé.
15 à 35% de récolte en plus en fonction des modalités
Les deux modalités irriguées avant ou seulement après la véraison ont donné des résultats comparables. Par rapport au témoin, elles affichent un gain de rendement entre 15 et 20 % supérieur.
La modalité irriguée de la floraison à la récolte porte, quant à elle, 25 à 35 % de récolte en plus. Ce gain ne s'est pas fait au détriment de la qualité. Le taux de sucres a été amélioré de 0,5 à 1 degré par rapport au témoin, car le feuillage est resté en état plus longtemps. L'acidité a légèrement progressé, avec un écart peu significatif. La couleur a en revanche été diluée de 10 à 20 %, « mais cela ne pose pas de problème sur des cépages comme la syrah ou le mourvèdre, ou encore pour des vinifications en rosé », souligne Jean-Christophe Payan, de l'IFV, qui a coordonné ces essais.
La réglementation actuelle interdit l'irrigation après la véraison pour les vins d'appellations et après le 15 août pour les autres. Elle ne tient pas compte du cépage. « Au 15 août, le chardonnay est pratiquement prêt à être vendangé alors que le cabernet-sauvignon arrive à peine à véraison. Dans des situations de contrainte hydrique forte en fin de cycle ou avec des cépages à maturité tardive, il faudrait pouvoir prolonger l'irrigation au-delà de cette date », estime Jean-Jacques Payan.