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VENDRE - Observatoire des marchés

Début de campagne optimiste pour le vrac

Michèle Trévoux - La vigne - n°235 - octobre 2011 - page 66

Tout porte à croire que les cours du vin rouge devraient être fermes cette année. En revanche, la situation est plus incertaine pour les blancs et les rosés. Les perspectives dans trois grandes régions.
Des prix mieux orientés durant la dernière campagne. Évolution du prix moyen en €/hl.

Des prix mieux orientés durant la dernière campagne. Évolution du prix moyen en €/hl.

BORDEAUX : Un marché presque à l'équilibre

Comme dans les autres régions, la nature s'est montrée généreuse à Bordeaux. Le volume de la récolte devrait dépasser celui de l'an dernier et avoisiner les 6 millions d'hectolitres.

Comme ailleurs, le millésime s'annonce très hétérogène du fait des conditions climatiques très diverses au sein du vignoble. Certaines zones ont souffert de la sécheresse alors que d'autres ont pâti d'une pluviométrie excessive.

La campagne n'a pas encore démarré, mais plusieurs éléments permettent d'anticiper la tendance. « Les disponibilités au démarrage de la campagne seront inférieures à celles de l'an passé, explique Bernard Farges, le président de l'ODG Bordeaux. Les sorties sont en hausse de 10 % et nous avons mis en place la réserve interprofessionnelle qui limite à 50 hl/ha les volumes commercialisables en AOC Bordeaux jusqu'au 15 décembre 2012. Qui plus est, les volumes produits en vin sans IG devraient être à la hausse et se situer entre 150 000 et 200 000 hl. Nous devrions donc avoir un marché très proche de l'équilibre et des cours fermes. »

L'hétérogénéité de la qualité des vins devrait accélérer le démarrage de la campagne. « Les belles qualités seront demandées en début de campagne, ce qui pourrait contribuer à la fermeté des cours », analyse Xavier Coumeau, président des courtiers bordelais.

Cependant, il plane une incertitude de taille : quel sera l'impact de la nouvelle crise boursière en Europe sur le marché des vins de Bordeaux ? Celle de 2008 est encore dans toutes les mémoires. Fin septembre, la très belle arrière-saison et les volumes récoltés réconfortaient les troupes. « Quand il y a du raisin, c'est toujours mieux que quand on en manque », observe Éric Chadourne, président de la Fédération des caves coopératives d'Aquitaine.

LANGUEDOC-ROUSSILLON : La qualité devrait payer sur les rouges

Une chose est sûre : dans le Languedoc-Roussillon, la récolte est supérieure à celle de l'an dernier. Quel en sera l'impact sur les cours à venir ? C'est la question que tout le monde se pose alors que l'incertitude sur le volume exact de la récolte alimente toutes les rumeurs. Certains pronostiquent 20 à 30 % de plus que l'an dernier. De son côté, le ministère de l'Agriculture annonce 13,3 millions d'hectolitres, contre un peu moins de 12 millions d'hectolitres l'an dernier, soit 10 % de hausse.

« Il ne faut pas oublier que nous avons perdu 8 000 ha de vignes en production cette année, rappelle Michel Servage, président de la Fédération des caves coopératives de l'Aude. L'an dernier, nous avons manqué de vins de France et de vins de pays de département. Les stocks de vins rouges sont au plus bas et nos voisins espagnols et italiens annoncent une petite récolte. Cette année, les disponibilités seront supérieures, mais cela n'a rien d'alarmant. Il n'y a aucune raison pour que la tendance des prix s'inverse. »

Affaissement du chardonnay

Pour les rouges, les belles qualités devraient voir leurs cours se maintenir, voire même progresser. En revanche, les vins moins réussis, issus de vignes à fort rendement dont les raisins ont eu du mal à mûrir, risquent d'avoir du mal à trouver preneur. Leurs cours pourraient donc fléchir.

Pour les blancs et les rosés, cela risque de se passer différemment. Une chose semble acquise : le cours des sauvignons va baisser. Ce cépage a été beaucoup planté et il se montre très généreux cette année. Or, l'an dernier déjà, le marché a eu du mal à absorber les volumes produits : des cuves non retirées encombrent les caves.

Certains prévoient également un léger affaissement du chardonnay. La récolte s'annonce, elle aussi, en hausse, mais moins que celle du sauvignon. Et les débouchés export de ce cépage sont plus importants.

Les rosés risquent également de subir un effritement des cours, du fait de l'importance de la récolte. Des parcelles qui ont du mal à mûrir ont été vinifiées en rosé, d'où une augmentation des volumes qui risque de déstabiliser ce marché en développement constant depuis une décennie.

VALLÉE DU RHONE : Objectif : 115 €/hl pour le côtes-du-rhône

Dans la vallée du Rhône, la récolte s'annonce également généreuse, en hausse de 15 à 20 % par rapport à l'an dernier. Les rendements sont revenus à des niveaux corrects après trois très petites récoltes. Le millésime, dont la qualité avait soulevé quelques inquiétudes après les pluies abondantes de début septembre, a été sauvé par une météo favorable depuis la mi-septembre.

« C'est une année de vigneron, affirme le courtier Christophe Pasta. Ceux qui ont bien travaillé leur vigne et coupé des raisins devraient faire la différence. »

La qualité des vins s'annonce hétérogène. Le syndicat des vignerons des Côtes-du-Rhône, qui avait exhorté l'an dernier les producteurs à obtenir 110 €/hl pour le côtes-du-rhône rouge, a fixé cette année l'objectif à 115 €/hl.

« Le rendement moyen sur l'appellation va se situer à 48 hl/ha et la surface du vignoble est à la baisse. Nous devrions produire 1,6 million d'hectolitres, ce qui correspond à notre volume de vente annuel. Qui plus est, nos stocks sont faibles (900 000 hl). Une hausse de 5 €/hl n'a rien d'insurmontable », argumente Sylvie Reboul du syndicat des vignerons des Côtes-du-Rhône.

Sorties de chai en baisse

« L'évolution des cours va dépendre des autres régions, notamment de Bordeaux », analyse Christophe Pasta. L'inquiétude vient des sorties de chais, qui sont à la baisse sur la dernière campagne. « Si elles ne repartent pas, les prix risquent de décrocher en début d'année prochaine », prédit le courtier.

Côté négoce, on ne semble guère ouvert à une hausse des cours. « Nous ne pourrons pas passer deux années consécutives de hausse, surtout dans le contexte économique actuel », estime Guillaume Blisson, acheteur chez Gabriel Meffre.

Enfin, comme en Languedoc, le marché du rosé soulève quelques inquiétudes. Pour prévenir un déséquilibre entre offre et demande, le syndicat des vignerons des Côtes-du-Rhône a invité ses membres à ne produire que ce qu'ils sont capables de vendre.

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