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Autant le dire

“Étiquetage des allergènes : à qui profite le crime ?”

François Dumon, clos d'Albizzi, à Cassis (Bouches-du-Rhône) - La vigne - n°238 - janvier 2012 - page 6

La réglementation bruxelloise n'évolue que sous l'action du harcèlement des dirigeants européens par les lobbys. Il y a à Bruxelles autant de lobbyistes que de fonctionnaires décisionnaires. C'est la profession la mieux représentée. Comment y résister ?

Dans notre affaire, il n'y a pas eu besoin de secouer très fort les lobbys hygiénistes et antialcooliques pour agir. Ils ont un pouvoir de nuisance sans mesure. En effet, on voit les moyens de collage de nos vins se réduire comme peau de chagrin.

Après le sang de bœuf et la gélatine pour cause de vache folle, on veut essayer de nous limiter l'usage de la caséine et du blanc d'œufs. À quand la bentonite ? Or, ces produits sont en usage dans le vin depuis quelque milliers d'années et ils sont éliminés avant la commercialisation. Voilà que, du jour au lendemain, on les déclare dangereux, alors qu'ils sont tirés de produits naturels et d'usage courant. Je connais des personnes allergiques au dernier degré au lait qui consomment mes vins traités à la caséine depuis des années sans aucun effet. Cela, bien sûr, ne peut pas faire office de référence scientifique. Mais on agite le sacrosaint « principe de précaution ». Personnellement, je me suis posé la question de savoir à qui profite cette politique. Il me semble avoir une idée sur la question. En effet, le seul produit dont on ne parle jamais, c'est la PVPP. Cette molécule compliquée est utilisée dans de nombreuses préparations pharmaceutiques où elle sert de support aux matières actives dans les remèdes. Quand on a compris cela, on touche du doigt la puissance des lobbys pharmaceutiques par rapport au lobby vinicole. Nous avons là l'exemple type du produit industriel dont la fabrication et surtout l'élimination ne sont certainement pas sans effet sur la nature. Les laboratoires pharmaceutiques ont trouvé dans la vinification et la brasserie un usage pour cette molécule, dont personne ne connaît les effets à long terme sur le corps humain. En fait, cette molécule est la polymérisation de la PVP, dont les effets cancérigènes sont connus, mais son polymère serait, dit-on, parfaitement stable et sans danger. Toujours est-il que la PVPP est interdite au Japon et serait interdite d'usage en vinification bio.

La mention des allergènes sur nos étiquettes place une forme d'indignité illégitime sur une tradition vinicole multiséculaire. On en arrive à cette absurdité où nos dirigeants, qui voudraient que l'on fasse des produits les plus naturels possibles, nous forcent à utiliser un produit industriel au détriment de produits naturels. On marche sur la tête ! Et l'écologie dans tout ça ? Il faut arrêter ces fous de Bruxelles. Ils réfléchissent et fléchissent comme des légumes, au mauvais vent de la pression des lobbys. Ils veulent concentrer nos exploitations artisanales pour les transformer en industries. La méthode la plus efficace pour cela reste de réglementer à outrance. Et ils arrivent à leurs fins ! J'en veux pour preuve le dernier recensement agricole que vous avez publié. Qui réagira ?

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