« Nous somme s l'un des rares vignobles à manquer de vin », constate Denis Vacheron, le président de l'Union viticole sancerroise. Cette situation tient pour beaucoup au dynamisme commercial des exploitations viticoles qui ne ménagent pas leurs efforts en la matière. « À Sancerre, sur 320 déclarants de récolte, nous avons 180 metteurs en bouteilles, soit une force de vente de 180 personnes pour 3 000 ha. Les viticulteurs s'impliquent plus dans la commercialisation. Leurs compétences en la matière sont de plus en plus poussées. Ils prennent davantage l'avion pour vendre leurs vins », poursuit Denis Vacheron.
« Un créneau à haute valeur ajouté »
D'après les chiffres du recensement agricole, les ventes totales de vins du Cher représentent 164 500 hl en 2010. Les viticulteurs vendent directement au consommateur ou à l'export la moitié de ces volumes, une part qui est restée constante au cours des dix années écoulées.
« Depuis la crise de 2008, il y a quelques tensions sur certains marchés, notamment l'Angleterre où c'est un peu plus difficile. Mais globalement, les entreprises viticoles sont en bonne santé économique », indique Didier Beauvois, comptable conseil au CER France Centre. Pour répondre à la demande, beaucoup de viticulteurs ont planté de nouvelles vignes. Et en dix ans, pour le département du Cher, les surfaces sont passées de 3 626 ha en 2000 à 4 132 ha en 2010, soit une augmentation de 14 %. « C'est le seul département de la région Centre où nous notons une augmentation, précise Pierre Barbéra, du service régional de l'information statistique et économique à la Draaf d'Orléans. Les viticulteurs sont sur un créneau à haute valeur ajoutée. Ils ont misé sur l'export. De plus, ils travaillent sur un petit vignoble, ce qui est plus facile à valoriser. »
Conséquence du développement des surfaces, le salariat en viticulture a augmenté de 10 % par rapport au dernier recensement. Dans le Cher, les exploitations spécialisées en viticulture emploient 1 391 unités de travail annuel en équivalent temps plein, soit 21 % de la main-d'œuvre agricole du Cher. C'est le deuxième employeur après les céréaliers.
Concentration des exploitations
Mais le nombre d'exploitations spécialisées a reculé. Il est passé de 470 en 2000 à 365 en 2010, soit une baisse de 23 %. « Globalement, il y a une concentration des exploitations, confirme Denis Vacheron. Mais ce n'est pas souhaitable, car ce sont les grosses structures qui s'agrandissent et non les petites qui se confortent. » La recherche de productivité pour augmenter la compétitivité en est la principale raison. Une tendance générale.
Le Point de vue de
Jérôme Godon, EARL Godon Bernard et Jérôme, à Sainte-Gemme-en-Sancerrois (Cher). 4 ha en 2000, 9,5 ha en 2010
« Je me suis lancé dans la vente directe »
« Nous avons arrêté l'élevage dans les années 1996-1997. Petit à petit, nous nous sommes spécialisés en viticulture. Il y a dix ans, nous avions un petit peu plus de 4 ha de vignes. Actuellement, nous en possédons 9,5 ha. Nous avons donc doublé la surface en dix ans. Nous cultivons aussi 80 ha de céréales. Nous avions la chance d'avoir des terres classées en AOC que nous avons valorisées en y plantant du sauvignon et du pinot noir. En 2000, j'ai intégré le lycée viticole avec l'intention d'accroître la superficie en vigne afin de la rendre viable. Lors de mon installation en 2006, j'ai donné un nouvel essor à l'exploitation. J'ai décidé de vinifier et de mettre en bouteille une partie de la production.
Pour cela, j'ai fait aménager les bâtiments d'élevage en cuverie et fait isoler les bâtiments. J'ai aussi investi dans des cuves en inox et un groupe de froid.
Aujourd'hui, nous produisons autour de 12 000 bouteilles (20 % de la production). Nous vendons le reste à la coopérative. Pour me lancer dans la vente directe, j'ai organisé beaucoup de dégustations et de porte ouvertes sur le domaine. Dans les vignes, j'ai également beaucoup modifié les pratiques culturales. J'essaie de travailler le plus naturellement et le plus écologiquement possible sans forcément aller vers le bio.
Par exemple, je n'utilise plus d'herbicides de prélevée. J'ai développé l'enherbement naturel maîtrisé et le travail du sol. C'est une tendance que j'observe aussi autour de moi. Il y a dix ans, personne n'avait d'herbe dans ses vignes. Maintenant, un tiers du vignoble est enherbé. »