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DOSSIER - Les parades à la contrefaçon

Deux gravures pour château Thieuley

La vigne - n°239 - février 2012 - page 33

Confronté dès 1996 à la contrefaçon sur le marché asiatique, le château Thieuley s'en est prémuni avec une bouteille gravée.
Marie Courselle, responsable technique des Vignobles famille Courselle et co-gérante de la société. © CHÂTEAU THIEULEY

Marie Courselle, responsable technique des Vignobles famille Courselle et co-gérante de la société. © CHÂTEAU THIEULEY

La contrefaçon ne touche pas que les grands crus. La famille Courselle, propriétaire du château Thieuley à La Sauve (Gironde), peut en témoigner. Elle exploite un vignoble de 84 ha en appellation Bordeaux et Côtes-de-Bordeaux. La propriété produit 500 000 bouteilles par an, exportées dans le monde entier, dont 25 % en Asie.

En 1996, un des agents de la propriété repère de faux Château Thieuley en Chine. En réaction, le domaine adopte alors une bouteille gravée, avec une double inscription : le nom du château en haut de la bouteille et la mention Bordeaux en bas.

« Cette bouteille a plu d'emblée à nos importateurs chinois. C'est un marché très sensible au packaging et le côté prestigieux de notre bouteille gravée a été un atout commercial », se souvient Sylvie Courselle qui, avec sa sœur Marie, est aux commandes de la propriété familiale.

Protection renforcée

Le gravage rend également la contrefaçon plus difficile. « Il n'élimine pas tout risque de contrefaçon, car nous ne sommes pas à l'abri du re-remplissage de nos bouteilles vides. Mais ce type de fraude concerne plutôt les grands crus, commente Sylvie Courselle. Pour nos vins qui se situent dans une fourchette de prix départ de 4 à 5 euros, la contrefaçon n'est intéressante que sur des gros volumes. La bouteille gravée a donc toute son efficacité.» En 2005, la famille Courselle a renforcé la protection de ses bouteilles en mettant en œuvre le procédé Algoril : un code unique et infalsifiable sur la contre-étiquette. «Pour chaque expédition, il fallait renseigner la base de données en indiquant tous les codes des bouteilles expédiées. C'est gérable pour les grosses commandes, mais nous avons beaucoup d'expéditions de détail. Cette logistique était beaucoup trop lourde.»

Aujourd'hui, le château Thieuley est revenu à la seule bouteille gravée. «Cette protection nous coûte très cher : 360 euros les mille bouteilles gravées, contre 225 euros pour le même modèle non gravé.» Membre du Cercle rive droite, le château Thieuley va devoir revoir son système de protection, avec des coûts sans doute à la baisse. À moins que ses clients asiatiques, très attachés à la bouteille gravée, l'enjoignent de maintenir cet élément de prestige.

Cinq conseils pour éviter les ennuis

Enregistrez vos marques

Si votre marque ou le nom de votre domaine ne sont pas déposés, leur utilisation frauduleuse ne constitue pas une contrefaçon. Ce dépôt relève de la responsabilité du propriétaire. Ne pas le faire, c'est risquer de voir un tiers déposer la marque avec tous les inconvénients ou préjudices qui en découlent. Une marque se dépose auprès de l'INPI et doit être renouvelée tous les dix ans. Compter 200 euros par dépôt de marque effectué en ligne, 225 pour un dépôt sur papier.

Protégez vos bouteilles

Les dispositifs rendant la contrefaçon très difficile, sinon impossible, sont nombreux. Plusieurs marques ont déjà des références dans le vin, comme Prooftag, ATT, Tesa ou VAO label. D'autres sont en cours de lancement comme Cedar Code, Athéor ou Nanotag (voir «La Vigne» de novembre 2011).

N'agissez pas seul

Participez aux dispositifs collectifs mis en place à l'échelle de votre région ou de votre appellation. Ainsi, l'interprofession des vins de Bordeaux a conçu l'application Smart Bordeaux, qui recense 15 000 châteaux et marques de vins de Bordeaux. En téléchargeant cette application sur son smartphone, quiconque peut vérifier que tel château ou telle marque existe aux yeux de l'interprofession. Rien de plus simple. En scannant l'étiquette, le code-barres ou le code Datamatrix avec un smartphone, ou en tapant le nom du château ou de la marque, l'application affiche si le domaine est bien référencé. Pour que le système fonctionne, il faut que les producteurs se fassent recenser.

Informez vos acheteurs

Communiquez de manière positive, tant auprès des consommateurs que des importateurs, sur les dispositifs que vous avez mis en place pour éviter la contrefaçon. Cela les rassure.

Faites appel aux douanes

Aux producteurs qui soupçonnent l'arrivée ou la sortie du territoire français de produits contrefaits, les douanes recommandent d'effectuer une demande d'intervention. Il faut remplir un dossier téléchargeable sur leur site. La procédure est gratuite. Elle permet aux douaniers de bloquer une marchandise jusqu'à dix jours, le temps d'effectuer les contrôles. L'intervention ne peut être obtenue que pour les marques ou noms de domaines ou de châteaux déposés. Cette procédure est très peu utilisée par la filière : sur 1 290 demandes d'intervention, seules quatre concernent les vins et spiritueux. Les douaniers français peuvent aussi transmettre une demande d'intervention à leurs homologues européens.

L'essentiel de l'offre

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