Le projet Agrobiofilm consiste à mettre au point un nouveau paillage en plastique biodégradable pour plusieurs cultures, dont la vigne. « Le paillage de la vigne favorise sa croissance, explique Anne Chevillard, ingénieur agronome à l'université de Montpellier II et docteur en science des procédés et des aliments. La surface foliaire des vignes paillées est trois fois plus développée à la fin de la première année. Cinq mois après la plantation, la majorité des racines sont à 40 cm de profondeur et leur masse est trois fois plus abondante. On gagne un an de production. Le vigneron peut vendanger dès la deuxième année. »
La première année, le paillage empêche également le développement des adventices sous le rang, ce qui évite d'utiliser des désherbants.
Jusqu'à présent, les vignerons utilisent des paillages en polyéthylène, même si quelques essais sont en cours avec des feutres végétaux (voir « La Vigne » n° 240 du mois de mars, page 34). Le polyéthylène est un plastique non biodégradable, il faut donc le retirer à un moment. Cela représente un coût en main-d'œuvre. Mais en pratique, peu le font, ce qui est une source de pollution. L'université de Montpellier II et les industriels BioBag et Silvex testent donc Biofilm, un nouveau paillage en plastique biodégradable. Il est fabriqué à partir de Mater-Bi, des petits pellets de plastique issus, entre autres, de l'amidon de maïs que fournit la société italienne Novamont. Ce paillage est testé au château Vaissière, dans l'Aude. Les résultats 2010 et 2011 sont prometteurs.
Biofilm s'installe avec le même dérouleur que le film classique. Il a les mêmes effets agronomiques sur la vigne que le paillage classique. Et il se dégrade bien. « On constate les premiers signes de détérioration dès la première année. Au bout de deux ans, il est bien dégradé mais il faut encore un à deux ans de plus pour qu'il disparaisse totalement », rapporte Anne Chevillard.
Plus cher que le polyéthylène
Le paillage biodégradable est déjà commercialisé par BioBag et Silvex via leur filiale ICS. Il faut compter 350 euros pour 1 000 mètres linéaires (pour 110 cm de largeur) de Biofilm en 40 μm noir, soit 0,28 euro par plant (1). Par comparaison, un film en polyéthylène classique de mêmes caractéristiques revient environ à 100 euros, soit 0,08 euro par plant. « Nous étudions des Biofilm plus fins pour réduire les coûts à 220 euros pour 1 000 mètres linéaires, soit 0,176 euro par plant », précise Anne Chevillard.
(1) Données calculées à partir des prix moyens communiqués par les fournisseurs et en prenant en compte une distance entre les rangs de 3 mètres et entre les pieds de 80 cm.