« Nous avions prévu de faire notre premier traitement avec l'hélicoptère mi-mai, explique un vigneron de la Marne. La veille, le prestataire nous a prévenus qu'il n'y avait pas de produit homologué. Au dernier moment, nous avons dû sortir les chenillards. »
Le 16 mai, Consist (anti-oïdium) et Profiler (antimildiou) étaient homologués pour le traitement aérien. Une très courte liste obtenue à force d'insistance par l'interprofession (CIVC) et à laquelle s'est ajouté Valiant Flash, le 1er juin. Les vignerons qui ont besoin de l'hélicoptère n'ont donc pas de choix. De plus, Profiler n'est autorisé que pour une application tous les deux ans ! « Tant que les législatives ne seront pas passées, il sera difficile d'obtenir des homologations, regrettait, début juin, Denis Velut, vigneron aubois et responsable de la commission technique au Syndicat général des vignerons. L'hélicoptère n'aurait jamais dû quitter les pentes. Le chenillard et la pompe à dos ne sont pas plus satisfaisants pour l'environnement et pour la santé de l'applicateur. »
Trois ans pour se retourner
Les Champenois ont le sentiment que les pouvoirs publics ont changé les règles du jeu. En 2010, le ministère de l'Agriculture interdisait le recours à l'hélicoptère sauf dérogation. Le CIVC avait alors négocié un moratoire de trois ans, de 2011 à 2013, le temps que la filière trouve une alternative. Durant cette période, les dérogations devaient être accordées facilement. Mais un arrêté paru en mai de l'an dernier impose que les produits utilisés en épandage aérien fassent l'objet d'une « évaluation spécifique (...) à compter du 26 novembre 2011 ». Or, l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) semble peu décidée à délivrer les précieuses homologations. Selon le CIVC, 1 200 des 33 000 ha du vignoble champenois ont été traités par hélicoptère en 2011, un chiffre qui baissera cette année.