La Fédération nationale des producteurs et élaborateurs de crémant attaque les arrêtés parus en novembre dernier autorisant trente-six IGP à produire des effervescents. Son président, Christian Pauleau, producteur de crémant de Loire à Nueilsur-Layon (Maine-et-Loire), s'explique.
LA VIGNE : Quelles actions avez-vous engagé ?
Christian Pauleau : D'abord, un recours gracieux au ministère de l'Agriculture réclamant l'abrogation de ces textes. Mais cette demande effectuée le 29 décembre 2011 est restée sans réponse. Le 25 avril 2012, nous avons donc enclenché un recours au Conseil d'État contre chacun des trente-six cahiers des charges d'IGP qui autorisent la production de vins mousseux. Notre avocat rédige un argumentaire qui sera déposé au plus tard le 25 juillet.
Quels sont vos arguments ?
C.P. : Premièrement, certains cahiers des charges sont assez laxistes en termes de conditions de production. Deuxièmement, aucune des régions concernées n'a jamais produit d'effervescents. Cette possibilité leur a été donnée simplement après avoir coché une case. Quand une AOP fait une telle demande, on nomme une commission d'enquête qui se déplace et se renseigne sur les hommes, la tradition et les contraintes de production. Ici, tout a été fait à la hâte, en trois mois à peine. Troisièmement, l'offre des effervescents AOP est complexe et étoffée : il y a déjà le champagne – qui soutient notre démarche –, les crémants et les méthodes ancestrales. Si des IGP mousseux voient le jour, ils renforceront la confusion et se retrouveront en linéaire à des prix bas. Certains voudront profiter de la dynamique du crémant dont les ventes s'établissent aujourd'hui à 70 millions de bouteilles et progressent de 5 à 8 % par an.
N'étiez-vous pas prêts à accepter les IGP mousseux à condition que « crémant » reste réservé aux AOC ?
C.P. : Le terme crémant est protégé par les textes européens. Il n'y a pas eu et il n'y aura pas de marchandage. La Fédération est totalement opposée à ce que des régions produisent des IGP mousseux pour profiter d'une aubaine. C'est du plagiat commercial. Nous comprenons l'intérêt pour de tels produits car ce sont des occasions d'augmenter les ventes au caveau, mais nous sommes navrés par le manque de sérieux de la procédure qui a permis d'en produire.