Dès les prochaines vendanges, la cave de Rognes (Bouches-du- Rhône) se chargera des vinifications du château Beaulieu, son voisin sur l'appellation des Coteaux d'Aix. Aux 20 000 hl de la coopérative dont 80 % de rosés et 15 % de rouges viendront s'ajouter les 9 000 hl du château. « Enfin, les projets d'agrandissement que nous avions en tête depuis quatre ou cinq ans aboutissent, se réjouit Gilles Giordano, président de la cave. Cela a enclenché notre déménagement vers un nouveau chai. »
Du matériel neuf adapté aux vins rosés
En effet, dans quelques mois, le personnel abandonnera son ancienne cave, obsolète, pour un bâtiment flambant neuf. La construction des bureaux, du caveau d'accueil et des locaux de stockage touche à sa fin. La partie chai, elle, est presque terminée. Elle est déjà remplie de matériel neuf, spécialement adapté à l'élaboration de rosés. La salle qui contient une batterie de cent cinquante cuves inox est rutilante : de volumes divers, les cuves ont un système de refroidissement à double paroi et peuvent être branchées sur l'inertage à l'azote. Les quatre pressoirs pneumatiques Inertys de Bucher- Vaslin, de 150 à 250 hl, affublés de leur grosse poche de CO2, impressionnent. « Ces pressoirs inertés sont idéaux pour conserver les arômes et la fraîcheur de nos rosés », souligne Jean-Patrice Magnat, œnologue de la cave.
Deux quais de réception inox sont aussi installés à côté des pressoirs ainsi qu'une grosse cuve de 2 000 hl pour les assemblages et un filtre tangentiel. « La facture chez Bucher-Vaslin est proche de 850 000 euros », résume l'œnologue. C'est que l'objectif de la cave est de gagner encore en qualité et d'augmenter sa part de ventes en bouteilles de 30 % à 50 %. Elle a mis les moyens pour y arriver et a dépensé pas moins de 8,5 millions d'euros ! « Le président s'est démené pour trouver des financements », assure Jean-Patrice Magnat. Et il a réussi à récolter 2,5 millions d'euros de subventions.
« Nous avons dû revoir nos plans »
Sur ce montant, 1,9 million d'euros sont des aides à l'investissement. « Le temps de travailler sur le projet, ces aides sont malheureusement passées de 40 à 30 % et nous y avons perdu 600 000 euros, déplore Gilles Giordano. Nous avons dû revoir nos plans, en optant pour un bâtiment plus petit. Les allées entre les cuves sont moins larges que prévu. »
La réalisation du dossier d'aides n'était pas non plus une mince affaire, même si la Fédération des caves coopératives de Paca et le maître d'ouvrage des travaux les ont conseillés. Il y a eu beaucoup de pièces à fournir et de documents complexes à remplir. De plus, tout l'investissement n'était pas éligible aux aides.
« Pour l'instant, nous avons reçu un acompte de 400 000 euros, ce qui est peu par rapport à la somme engagée, précise aussi le président. Nous avons déposé notre dossier il y a presque deux ans et, aujourd'hui, le retard dans le versement de l'aide complique notre gestion. » Un contrôleur de FranceAgriMer a inspecté la cave récemment. Aussi Gilles Giordano espère-t-il bientôt toucher le solde dû. Malgré tout, il est content d'avoir obtenu ces aides sans lesquelles la nouvelle cave n'aurait sûrement pas vu le jour.