Marcel Blanck (à gauche) et Raymond Baltenweck. Les deux hommes bousculent la tradition qui voulait qu'une figure du vignoble dirige l'Ava. Ils présideront successivement le syndicat de 1967 à 2000.
L'histoire de l'Association des viticulteurs d'Alsace débute bien avant la date retenue pour sa création, le 21 avril 1912, le jour de sa première assemblée générale, présidée par Frédéric Hecker. L'Ava est l'héritière des sections de viticulture mises en place par des comices agricoles au début du XIXe siècle. Sa création est évoquée dès 1900. Mais ce n'est que onze ans plus tard, alors que l'Alsace est allemande, que l'elsässischer Winzerverband, l'association des viticulteurs bas-rhinois, et le Weinbauverein, l'union viticole haut-rhinoise, fusionnent.
L'Ava adopte son nom actuel au lendemain de la Grande Guerre. Elle mène ses premiers combats contre les hybrides et le sucrage-mouillage, la dénomination de la chaptalisation à l'époque, pour se démarquer des Allemands et donner leur chance aux viticulteurs n'ayant pas les moyens d'acheter du sucre.
Dans les années trente, l'Ava propose une aire et des conditions de production pour ne pas devenir un vin de seconde zone. Sans convaincre tout le monde. En 1936, un groupe de viticulteurs se demande si le « régime des AOC ne comporte pas plus d'inconvénients que d'avantages ». Mais leur position est minoritaire. Ils n'arrivent pas à empêcher la publication, en 1938, d'un projet de statut des vins d'Alsace qui prévoit la fixation d'un rendement à l'hectare.
La Seconde Guerre mondiale remet en vigueur la loi allemande qui autorise largement la chaptalisation et fait de l'Ava une organisation relais de l'autorité nazie.
En novembre 1945, l'association obtient la publication de l'ordonnance relative à la définition des appellations d'origine des vins d'Alsace. Elle définit enfin l'appellation et referme la parenthèse de la guerre. L'appellation Alsace est définitivement reconnue par le décret du 3 octobre 1962.
La pléthore de 1982
À l'époque, et comme depuis ses débuts, l'Ava est présidée par un notable, Louis Klipfel, producteur négociant dans le Bas-Rhin. Mais il ne va pas assez vite au goût des jeunes loups d'alors. Marcel Blanck, un vigneron récoltant, puis Raymond Baltenweck, un coopérateur, prennent successivement le pouvoir. Ils militent pour la mise d'origine obligatoire dans la région de production. En 1972, ils organisent une manifestation à Colmar (Haut-Rhin) qui réunit 4 000 viticulteurs. Tous demandent la mise en bouteille obligatoire dans la région d'origine. Ils obtiennent gain de cause avec la parution de la loi du 5 juillet 1972. Deux ans plus tard, la liste de vingt-cinq grands crus est publiée. En 1982, l'Ava gère une récolte pléthorique en obtenant l'autorisation de rentrer 130 hl/ha. Le vignoble a besoin de plusieurs années pour s'en remettre avant de s'engager, non sans mal, dans une politique de limitation des rendements conduisant aux 80 hl/ha actuels.
L'Ava obtient encore la reconnaissance des vendanges tardives et l'extension de l'appellation Grand cru à vingt-six terroirs supplémentaires. Aujourd'hui, le chantier de la hiérarchisation reste ouvert. L'Ava a fêté son centenaire en grande pompe le 6 juillet à Colmar avec plus de 2 500 invités, plusieurs débats, un repas, un spectacle et, bien entendu, un gros gâteau d'anniversaire !