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À LA VIGNE - AOÛT

La récolte ne pèsera pas très lourd

Marine Balue - La vigne - n°245 - septembre 2012 - page 8

À cause des intempéries et de la pression parasitaire, des pertes de raisin sont prévues dans l'ensemble des vignobles.

La récolte de 2012 en France sera exceptionnellement faible. « Ce sera la plus basse depuis 1991 », a annoncé le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, le 30 août dernier. Le service statistique du ministère l'estimait en effet à 42,9 millions d'hectolitres au 1er septembre. C'est que le sort s'est acharné sur beaucoup de régions cette année : gel, mauvaise floraison, coulure, millerandage, grêle, mildiou, oïdium et échaudage ont contribué à abaisser le potentiel de récolte. « Il a grêlé trois fois en Côte-d'Or et deux fois en Saône-et-Loire pendant l'été, illustre Christine Monamy, responsable technique à l'interprofession de Bourgogne. La récolte ne s'annonce pas pléthorique. »

Du jamais vu

Pour Florence Hertaut, responsable du réseau maturation en Beaujolais, « c'est du jamais vu. Nous avons estimé le rendement moyen sur notre réseau à 25-30 hl/ha, et certaines parcelles n'ont presque rien à vendanger ».

En Champagne, le mildiou a fait de gros dégâts et il y a pas mal de souci d'oïdium sur chardonnay. « La floraison s'est mal passée, ajoute Sébastien Boevert, œnologue à la station œnotechnique de Champagne. La récolte sera faible et il faudra débloquer la réserve individuelle. »

Mêmes problèmes à Cognac. Selon les estimations effectuées sur le réseau du BNIC, les dégâts de mildiou seraient responsables de 5 % de perte de raisins en moyenne.

Dans le Bordelais, les quantités seront aussi à la baisse. « Même pour ceux qui n'ont pas eu d'impact de maladies, pense Julien Belle, directeur du centre œnologique de Cadillac-Podensac. Ce sera petit en sauvignon et on risque d'être un peu en dessous des rendements d'appellation avec les cabernets et les sémillons. » Le constat est similaire en Touraine et en Muscadet, où la charge n'est pas très importante. En Languedoc et dans la vallée du Rhône, la récolte des premiers blancs révèle de faibles volumes.

« Ce n'est pas catastrophique »

En Alsace, les rendements potentiels sont variables selon les secteurs, mais « il devrait y avoir 10 % de récolte en moins en moyenne par rapport à 2011 », estime Carole Lefebvre, œnologue chez Œnofrance

Dans le Bergeracois et dans le Var, les rendements seront plus bas qu'en 2011, mais « ce n'est pas catastrophique, le volume de vendange ayant été assez important en 2011 », nuance Damien Le Grelle, œnologue à Bergerac (Dordogne). De son côté, Inter-Rhône prévoit 3 millions d'hectolitres en vallée du Rhône, contre 3,09 millions en 2011, avec une récolte dans la moyenne des cinq dernières années.

Le Point de vue de

Henri Cauvard, propriétaire du domaine Cauvard, 18 ha, à Beaune (Côte-d'Or)

« Toutes nos parcelles sont grêlées »

Henri Cauvard, propriétaire du domaine Cauvard, 18 ha, à Beaune (Côte-d'Or) © R. HELLE

Henri Cauvard, propriétaire du domaine Cauvard, 18 ha, à Beaune (Côte-d'Or) © R. HELLE

« La pression de mildiou et d'oïdium a été forte. Mais nous avons tout fait pour maîtriser la situation et les pertes sur notre exploitation sont marginales. Elles ne devraient pas dépasser 5 %. En revanche, nous avons connu plusieurs épisodes de grêle entre mi-juin et juillet. Toutes nos parcelles ont été touchées, entre 10 et 90 % ! C'est la première fois que la grêle frappe le domaine dans sa totalité. Fin août, la moitié des vignes grêlées a aussi subi l'échaudage… Les dégâts dans nos vignes sont donc multiples. Et comme ils sont variables sur une même parcelle, j'ai du mal à estimer les pertes totales.

Nous n'aurons pas une grosse récolte, c'est certain. Nous serons en dessous des rendements maximums autorisés pour nos appellations. Pour Beaune, nous avons d'ailleurs demandé que ce rendement soit abaissé de 20 %. »

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