« Il faut développer les bouteilles. » Jean-Marc Boissenot, à la tête de la coopérative Port-Sainte-Foy, en est convaincu. Installé en Dordogne depuis 2001, il a fait toute sa carrière dans l'industrie mécanique. Il préside la cave depuis avril dernier et entend y mener une démarche entrepreneuriale.
Une analyse des besoins des clients est engagée. L'objectif est de mettre en face des consommateurs une gamme solide. La cave coopérative dispose d'une dizaine de châteaux et d'autant de marques dans les appellations Bergerac et Montravel, qu'elle vend soit en direct soit au travers du négoce. « Ces douze derniers mois, nous avons écoulé 500 000 bouteilles, soit 25 % du chiffre d'affaires et 14 % de la production. Notre objectif est d'arriver à 800 000 bouteilles », indique-t-il.
Souplesse
La société de négoce Trigedis, implantée à Fougueyrolles (Dordogne), écoule en grandes surfaces une partie des vins en bouteilles de la coopérative. Un partenariat tacite qui dure depuis six ans. « Lorsque nous envoyons des échantillons dans une grande surface, la cave modifie les assemblages en fonction des commentaires. C'est une souplesse appréciée », indique Christophe Chalard, PDG de Trigedis.
Une souplesse que la cave revendique. Tout comme son indépendance. En 2004, la cave tente un rapprochement avec Univitis, à qui elle confie la partie commerciale. L'expérience n'a duré que quatre ans. Les adhérents avaient le sentiment de perdre leur indépendance. En 2008, la cave a repris la maîtrise de la commercialisation de ses vins. La tentative de fusion avec Alliance Aquitaine, une coop de Dordogne elle-même issue de la fusion de deux coopératives en 2009, a tourné court cet été.
« Nous avons le potentiel pour continuer seuls, assure Jean-Marc Boissenot. La fusion a un coût. Il n'était pas dit que les adhérents l'acceptent. Le regroupement n'est pas obligatoire. Nous sommes dans la moyenne des caves. Nos atouts, flexibilité et réactivité, nous permettent de nous adapter aux marchés. Lorsqu'une cave traite de gros volumes, ses marges sont faibles et elle est condamnée à faire de la quantité pour rentabiliser ses équipements. »
Philippe Rocher ne dit pas autre chose. Ce viticulteur a quitté l'une des caves qui a donné naissance à Alliance Aquitaine pour rejoindre Port-Sainte-Foy. « J'ai souhaité intégrer une structure plus souple, où l'on maîtrise la vente des vins. La fusion des caves amène certes des économies d'échelle, mais l'enjeu est de bien vendre le produit fini », justifie-t-il.