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DOSSIER - Réduction des phytos : Retour à la réalité

« Moins de dix passages, c'était impossible »

La vigne - n°246 - octobre 2012 - page 23

Daniel Chevenet réduit les doses de fongicides contre le mildiou et l'oïdium car il est équipé d'un pulvérisateur très performant. Mais cette année, certaines parcelles ont décroché.
 © Y. CAINJO/GFA

© Y. CAINJO/GFA

Daniel Chevenet est installé à Cruzille, en Saône-et-Loire. Il cultive 11 ha de vignes et adhère à la cave de Lugny. Il y a trois ans, il a intégré le réseau Écophyto, où les exploitations testent des pratiques utilisant moins de produits phytos.

Le viticulteur est équipé d'un appareil face par face dont la pulvérisation est optimale. Il a donc pris pour habitude de n'appliquer que 70 % de la dose homologuée du début à la fin de la campagne. « Jusqu'à présent, je n'ai jamais eu de problème avec le mildiou. J'étais donc très confiant. » Le 7 mai, il applique son premier antimildiou avec une dose réduite de 30 %. Il fait de même pour le deuxième traitement, auquel il associe un antioïdium à la dose réduite de 20 %. Mais dès fin mai, avant la fin de la rémanence de ce traitement, les premières taches de mildiou apparaissent sur les feuilles. Puis début juin, sur 2 ha, les symptômes explosent : 20 à 25 % des feuilles et 5 % des grappes sont touchées. Pour enrayer l'attaque, Daniel Chevenet fait un traitement à base de cymoxanil et de folpel qui s'intégrera entre le deuxième et le troisième antimildiou, calés selon leur rémanence.

Quand le mildiou se calme, l'oïdium arrive

Mais les pluies continuent de se succéder. « À chaque fois, j'avais de nouvelles sorties de taches. J'ai donc continué les traitements intercalaires à base de cuivre et utilisé les pleines doses à partir du sixième traitement. » De cette manière, il a réussi à stopper les attaques. Mais au moment où il pense avoir sauvé sa récolte, l'oïdium arrive. Début juillet, la maladie touche l'ensemble de l'exploitation de manière modérée. Une seule parcelle présente une infestation importante. Là, Daniel Chenevet doit intercaler deux traitements de rattrapage avec un mélange de Karathane 3 D à pleine dose et de soufre mouillable à 8 kg/ha entre les traitements classiques. Pour accroître leur efficacité, il les dirige sur les grappes, comme s'il s'agissait d'un antibotrytis. Malgré tout, les dégâts restent importants. « Je vais devoir vendanger cette parcelle à part. »

Au final, l'IFT fongicide « explose ». « L'an passé, je n'avais réalisé que trois antimildious. Cette année, j'en ai appliqué dix, auxquels s'ajoutent quatre voire cinq traitements de rattrapage selon les parcelles. Je n'ai jamais pu pousser les cadences jusqu'à leur terme car, à chaque fois, la météo annonçait des pluies en fin de rémanence des traitements. J'ai également appliqué neuf antioïdiums auxquels s'ajoutent deux traitements de rattrapage sur une parcelle. Cette année, il n'était pas possible de faire moins de dix passages. »

Et il n'est pas seul dans ce cas. « Lorsque je discute avec les autres vignerons, nous nous apercevons que nous sommes tous entre dix et douze passages. Ceux qui en ont fait moins ont davantage de dégâts. Il faut arrêter de nous mettre la pression avec le plan Écophyto 2018. Certaines années nécessitent plus de traitements si l'on veut avoir des raisins à vendanger. Nous ne pouvons pas nous permettre de ne rien récolter. »

Cet article fait partie du dossier Réduction des phytos : Retour à la réalité

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