Lorsque Frédéric et Nathalie Charasse se sont rencontrés à l'IUT d'agronomie de Perpignan (Pyrénées-Orientales), ils rêvaient tous les deux d'avoir un jour des vignes à eux. Mais avant d'y arriver, il leur a fallu de la patience. « Nous avons d'abord travaillé dans des domaines de la vallée du Rhône pendant douze ans. »
En 2009, ils reviennent vivre dans les Pyrénées-Orientales. Peu de temps après, ils apprennent qu'un coopérateur de Caramany cède ses vignes. « C'était un signe du destin ! Nous aimions tous les deux les vins de ce terroir. L'option coopérative nous convenait très bien, nous avons foncé », indique Nathalie.
La jeune femme s'installe la première en 2010, pendant que Frédéric conserve sa microentreprise de travaux agricoles. « J'ai réussi à rassembler 11 ha. S'installer en pleine crise n'était pas évident. Il a fallu défendre le dossier », se souvient-elle. Tout est financé par des emprunts, y compris le fonds de roulement.
Peu de week-ends et de vacances
Avec une trésorerie minime, elle a du mal à couvrir les frais. « Le premier versement de la dotation Jeune agriculteur n'est arrivé qu'en octobre 2010 et le premier acompte de la cave en septembre 2011 », précise la néovigneronne.
En 2011, Frédéric s'installe à son tour. « J'ai eu l'occasion d'acheter 6 ha. J'ai demandé une demi-dotation pour conserver mon entreprise en même temps. » Aujourd'hui, faute de clients, il a dû l'abandonner. Pour faire vivre la famille, il enchaîne les contrats salariés tout en travaillant ses vignes. Le rythme est intensif, il y a peu de week-ends et de vacances. Mais malgré ces débuts difficiles, Frédéric et Nathalie gardent le cap.
À la coopérative, ils ont été bien accueillis. « C'est une petite équipe, motivée et dynamique », relève Nathalie, qui a rapidement intégré le conseil d'administration. Les rendements ne dépassent guère 35 à 40 hl/ha, mais grâce à la notoriété du côtes-du-roussillon villages Caramany, ils perçoivent en moyenne 90 €/hl. Ce prix devrait encore progresser, car la cave est en plein développement commercial. « Nous avons pris des risques, et parfois nous avons un peu de mal à dormir », avoue Nathalie. Mais sur le fond, les deux jeunes vignerons jugent que c'était le bon moment et le bon endroit. « Prendre soin de nos vignes au milieu de ce terroir, c'est un vrai plaisir ! » affirment-ils en cœur.
Où en seront-ils dans cinq ans ?
« Nous devrions enfin tirer un revenu de nos vignes. Il restera encore des annuités à payer car nous serons seulement à mi-parcours. Mais côté travail, nous devrions commencer à souffler. Pour l'instant, c'est la course. Lorsque Frédéric n'aura plus besoin de travailler à l'extérieur, nous aimerions pouvoir replanter une ou deux parcelles et avoir ainsi la satisfaction de créer une partie de notre vignoble. »