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DOSSIER - LES NÉOVIGNERONS : Audacieux et inventifs

5. Ils ont trouvé des associés « Trente-cinq personnes derrière nous»

Patrick Touchais - La vigne - n°247 - novembre 2012 - page 70

François et Sheila Plumejeau voulaient devenir vignerons. Ils ont trouvé des investisseurs pour créer un groupement foncier viticole (GFV). Ce dernier a acheté la majeure partie des vignes qu'ils exploitent.
FRANÇOIS ET SHEILA PLUMEJEAU estiment qu'ils ont un contrat moral avec leurs investisseurs. © P. TOUCHAIS

FRANÇOIS ET SHEILA PLUMEJEAU estiment qu'ils ont un contrat moral avec leurs investisseurs. © P. TOUCHAIS

« Un jour, j'ai pu déguster une série de grands crus bordelais. J'ai eu une révélation. » François Plumejeau a commencé sa carrière dans la finance. « J'étais contrôleur de gestion dans une association caritative internationale à Paris. Je me suis rendu compte que je ne ferai pas carrière dans ce milieu. Je voulais travailler en lien avec la nature. Le vin est devenu une évidence. J'ai alors économisé pour reprendre une formation. »

Pendant deux ans, il suit le master Vintage de l'Esa d'Angers, dans le Maine-et-Loire. Il part ensuite travailler six mois en Australie avant de devenir maître de chai dans le Bordelais. « Je voulais revenir en Anjou, ma région d'origine, pour m'installer. »

200 000 euros réunis en trois mois

En 2010, après quatre visites d'exploitation, il décide de reprendre le domaine de la Gonorderie, à Brissac-Quincé (Maine-et-Loire). Son épouse, Sheila, prend en mains l'administratif et le commercial. Ce qu'elle avait déjà fait dans un château bordelais.

« Nous n'avions pas d'apport. Il fallait trouver une exploitation qui génère rapidement du revenu. Le domaine de la Gonorderie disposait de 30 ha bien tenus, d'un chai bien équipé et d'un peu de stock pour attendre notre première vendange. »

Au départ, le couple devait reprendre 28 des 30 ha de l'ancien propriétaire et de sa famille. « On ne pouvait pas le faire seuls. Nous avons donc lancé l'idée d'un GFV autour de nous. Pour le créer, nous avons édité une plaquette de présentation du projet que nous avons présentée à nos amis et à notre famille. » Grâce au soutien de trente-cinq personnes, amis, famille et entrepreneurs, 200 000 euros ont été réunis en trois mois. Un des associés a apporté 40 % de la somme, un autre 15 %. « Mais nous avons fait en sorte qu'il n'y ait pas de minorité de blocage dans le montage. Finalement, le GFV n'a acheté que 20 ha. L'ancien propriétaire a conservé les dix autres. Notre société d'exploitation loue le tout. »

Côté banques, bonne surprise, les choses ont été plutôt simples. Les comptes de l'exploitation les ont rassurées. Tout comme le fait que l'ancien propriétaire, Alain Giraud, y reste comme salarié. « Il m'accompagne. L'installation s'est faite en douceur. »

Ce que leurs associés leur apportent

«Sans le GFV, la reprise aurait été impossible. Nous n'avions pas l'apport. Ce groupement constitue un réseau. Ses membres sont nos premiers clients et ils nous en apportent d'autres. Ils représentent aujourd'hui 10 % de notre chiffre d'affaires. Nous avons un contrat moral avec eux. Ils doivent rester au moins cinq ans. Après ce cap, nous aurons soldé nos premiers gros emprunts. Mais surtout, sans être intrusifs, certains chefs d'entreprise membres du groupement nous donnent des conseils. »

Cet article fait partie du dossier LES NÉOVIGNERONS : Audacieux et inventifs

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DATES CLÉS

2010 : François quitte le Bordelais. Il visite quatre domaines en Anjou.

Juillet 2010 : rencontre avec Alain Giraud qui cherche à céder son exploitation.

Mai 2011 : installation de François et Sheila Plumejeau, à 35 et 34 ans.

L'essentiel de l'offre

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