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DOSSIER - LES NÉOVIGNERONS : Audacieux et inventifs

6. Ils sont venus d'ailleurs « Difficile de toujours devoir se justifier »

Ingrid Proust - La vigne - n°247 - novembre 2012 - page 76

Originaire de Belgique, Kathleen Van den Bergue a acheté le château de Minière il y a deux ans avec son mari. À la tête de 18 ha en AOC Bourgueil, elle suit sa voie en faisant fi des commentaires.
KATHLEEN VAN DEN BERGUE et son mari, des ingénieurs originaires de Belgique, ont eu un coup de cœur pour le château de Minière. © CD. COUINEAU/37 DE CRÉATION

KATHLEEN VAN DEN BERGUE et son mari, des ingénieurs originaires de Belgique, ont eu un coup de cœur pour le château de Minière. © CD. COUINEAU/37 DE CRÉATION

Des vignes, des arbres séculaires, un manoir du XVIe siècle : le charme des vieilles pierres et du terroir à quelques kilomètres de Bourgueil (Indre-et-Loire). Lorsqu'en 2010, venant de Belgique, Kathleen Van den Bergue et son mari découvrent le lieu, ils en tombent amoureux. D'autant que la propriété s'appelle château de Minière. « Mon mari est consultant dans l'industrie minière, cela ne pouvait pas être une coïncidence », sourit Kathleen. À l'époque, la jeune femme est ingénieure en construction. « Nous sommes amateurs de vins. Nous cherchions une maison de vacances avec vue sur les vignes », raconte-t-elle.

Le couple achète le château. Géologues, ils discernent vite le potentiel du terroir. « Nous avons vu qu'en investissant, il était possible d'extraire plus de valeur du domaine et que nous ne réussirions pas si l'un de nous deux ne s'installait pas sur l'exploitation. »

C'est Kathleen qui relève le gant. Elle s'installe entre Bourgueil et Bruxelles, où vivent ses deux jeunes enfants, car le château est en travaux. Sans expérience viticole, la jeune femme de 37 ans garde les salariés du domaine et se fait aider d'un comptable et d'une assistante. Elle redéfinit la gamme de vins, en l'enrichissant d'un pétillant naturel et d'un jus de raisin. Elle habille ses bouteilles d'étiquettes modernes où figure le nom du cépage, contrairement à l'usage local. Polyglotte, elle vise l'export, mais aussi les cavistes et la restauration. Elle multiplie les salons professionnels alors qu'elle vient d'avoir son deuxième enfant.

De belles rencontres mais…

Outre la commercialisation, elle gère la communication pour doper la vente directe et l'œnotourisme. « Il faut une sacrée motivation ! » admet Kathleen, d'autant qu'elle a dû affronter la froideur de certains vignerons. « J'ai fait de belles rencontres. Des producteurs ont compris qu'étant étrangère, j'allais favoriser la venue de touristes étrangers. Mais d'autres se sont demandés qui nous étions et ce que nous allions faire. Je suis allée me présenter et ils ont vu que je n'avais pas de mauvaises intentions. »

Kathleen avoue se sentir « sous surveillance. C'est difficile de toujours devoir se justifier. On est en bio. On nous dit que l'herbe dans les vignes fait sale. Nous vinifions chez un vigneron car nous n'avons pas encore de chai et nous avons beaucoup de commentaires caustiques sur nos petites cuvées en macération carbonique et notre élevage en barriques. Quand au personnel, il n'a pas toujours été fiable ».

Avec le recrutement d'un nouveau chef de culture-maître de chai en 2011, Kathleen « fait un grand pas en avant » en terme de qualité. Aujourd'hui, elle vend la majeure partie de sa production en bouteilles. « Cet été, j'ai décroché plusieurs grosses commandes sur les marchés britannique, américain et suisse. Je suis sur la bonne voie pour atteindre les 100 000 cols par an. »

Le choc des cultures

« Je n'ai pas eu de difficultés à m'adapter à la vie en France. Reste que certaines choses me font sourire ou me rendent perplexe. Les Français disent : "On va faire ceci, on va faire cela" et ils ne le font pas ! J'ai rencontré cette attitude chez des artisans que j'avais engagés pour les travaux au château et parmi le personnel à la vigne. Moi, quand je dis une chose, je la mets en pratique. »

Cet article fait partie du dossier LES NÉOVIGNERONS : Audacieux et inventifs

Consultez les autres articles du dossier :

DATES CLÉS

Septembre 2010 : achat du domaine.

Décembre 2010 : naissance de son fils qu'elle emmène avec elle sur les salons.

Juillet 2011 : recrutement d'un nouveau chef de culture-maître de chai.

Août 2012 : commandes importantes à l'export.

L'essentiel de l'offre

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