Retour

imprimer l'article Imprimer

AU COEUR DU MÉTIER

Dans les Bouches-du-Rhône, chez Olivier et Sophie Sumeire « Il faut être combatif et avoir des vins au top »

Florence Bal - La vigne - n°249 - janvier 2013 - page 20

À la tête de 240 ha, Olivier et Sophie Sumeire se fixent pour objectif de produire de gros volumes de vins de qualité. Ils mettent tout en œuvre pour créer des rosés frais et expressifs. Ils ne ménagent pas leur peine pour les vendre.
SOPHIE SUMEIRE ET SON FRÈRE OLIVIER proposent à leurs clients distributeurs une trentaine de vins répartis en trois gammes. Chacune comprend entre sept et treize vins, dans les trois couleurs. Le rosé représente près de 90 % de la production et des ventes. PHOTOS J. NICOLAS

SOPHIE SUMEIRE ET SON FRÈRE OLIVIER proposent à leurs clients distributeurs une trentaine de vins répartis en trois gammes. Chacune comprend entre sept et treize vins, dans les trois couleurs. Le rosé représente près de 90 % de la production et des ventes. PHOTOS J. NICOLAS

70 HA DE GRENACHE EN GOBELET sont encore vendangés à la main. Depuis 2007, le frère et la sœur transforment leur vignoble pour pouvoir le mécaniser. Ils ont déjà converti 50 ha de gobelet en cordon de Royat.

70 HA DE GRENACHE EN GOBELET sont encore vendangés à la main. Depuis 2007, le frère et la sœur transforment leur vignoble pour pouvoir le mécaniser. Ils ont déjà converti 50 ha de gobelet en cordon de Royat.

Olivier et Sophie dégustent une de leurs cuvées en compagnie de Joël Magnoni, leur œnologue et responsable des vinifications, et de Jean-Louis Espadas, leur chef d'embouteillage.

Olivier et Sophie dégustent une de leurs cuvées en compagnie de Joël Magnoni, leur œnologue et responsable des vinifications, et de Jean-Louis Espadas, leur chef d'embouteillage.

« Mieux valoriser nos vins a toujours été notre principal objectif », affirment Olivier et Sophie Sumeire. Frère et sœur, ils sont copropriétaires des châteaux Coussin, Maupague et L'Afrique. Les deux premiers sont en AOP Côtes-de-Provence Sainte-Victoire, le troisième en Côtes-de-Provence Pierrefeu. L'ensemble représente 240 ha de vignes exploités en nom propre, la SNC Châteaux Élie Sumeire (du nom de leur grand-père) commercialisant les vins. L'exploitation a son siège à Trets, dans les Bouches-du-Rhône. « 1988 a été la première année de ventes en bouteilles, avec 200 000 cols », indique Olivier. Les propriétés étaient alors dirigées par son oncle et son père. Elles comptaient 280 ha en production. Olivier a rejoint l'entreprise en 1992, sa sœur en 1993. Depuis 2003, ils embouteillent toute leur production. Aujourd'hui, leurs propriétés produisent 1,5 million de cols en année normale, vendus pour moitié sous leurs étiquettes de châteaux, pour moitié sous d'autres noms. En 2007, au départ à la retraite de leur père et de leur oncle, Olivier et Sophie revoient l'organisation de l'entreprise et délèguent des responsabilités. Ils embauchent un œnologue, puis un directeur commercial et, enfin, un régisseur qui gère les trois propriétés. Ils confient beaucoup de travaux saisonniers à des prestataires extérieurs et regroupent les trois châteaux dans un casier viticole informatisé unique, tout en conservant deux sites de vinification.

« Nous fournissons les produits dont nos clients ont besoin »

Sur le plan commercial, la notoriété de l'entreprise repose sur sa capacité à produire de gros volumes de vins de qualité. Cette stratégie leur ouvre des marchés. En 2008, des clients leur demandent des vins en IGP. « Cela aurait été idiot de perdre des marchés, faute de disposer d'une offre complète », estime Olivier. En 2010, ils créent un négoce qui achète 1 500 hl d'IGP. En 2012, ces achats ont quadruplé. « Nous fournissons les produits dont nos clients ont besoin », poursuit le viticulteur.

L'offre est répartie en trois gammes. Chacune comprend des vins de propriété (les premiers et les seconds vins des châteaux et des cuvées comme Réserve de la famille, Cabaret ou Rosé à la rose) et des vins de négoce. Chacune comprend aussi une vaste offre de magnums, si bien qu'ils en vendent 70 000 par an.

Les deux premières gammes – Olivier Sumeire collection et Les vins de Sophie Sumeire – ciblent le réseau traditionnel (40 % des ventes) et l'export. La troisième gamme, Élie Sumeire, est dédiée à la grande distribution (52 % des ventes), hard discount exclu, qui vend ces bouteilles entre 3 et 9 euros.

Olivier et Sophie travaillent avec une quinzaine de grands comptes et emploient six commerciaux à temps plein. Sophie prépare une vingtaine de dossiers par an pour les concours, guides et médailles qui renforcent leur image. César, la cuvée haut de gamme du domaine (de 25 à 29 euros) produite à 15 000 bouteilles par an, en est le porte-drapeau. Une « compression » d'étiquettes signée du célèbre sculpteur illustre les cartons et capsules de la cuvée. « Pour valoriser les vins, la qualité doit être au top », soutient Olivier. Au chai, il a toujours été à la pointe de la technique. En 2004, il élimine les foudres et les barriques. « J'ai utilisé du bois. J'ai été un mouton comme les autres, mais le bois masque le vin », certifie-t-il. Quelques mois plus tard, le château coussin rouge 2004, sans bois, est élu champion de Provence par « La Revue du vin de France », ce qui le conforte dans son choix.

Les rosés sont « pâles, avec une certaine nervosité, ni lourds, ni alcooleux ». Ils sont récoltés en dessous de 13° d'alcool probable de manière à pouvoir afficher 12,5 % vol. sur l'étiquette du vin fini.

Depuis 2010, Joël Magnoni, l'œnologue, pratique des pressurages directs. Il a remplacé la filtration sur terre par la filtration tangentielle. Il a aussi délaissé la stabilisation tartrique à froid au profit de l'électrodialyse car elle « amenait des oxydations estivales rapides ». Comme les vins de négoce subissent des manipulations, il les désoxygène en sortie de pompe pour avoir moins de 1 mg/l d'oxygène dissous. Il vérifie systématiquement la teneur en oxygène dissous des vins de propriété après les assemblages et la filtration et avant l'électrodialyse. Si nécessaire, il les désoxygène également. « Cela garantit une fraîcheur et leur conservation », explique-t-il. Pour satisfaire la demande, Olivier a planté 17 ha l'an dernier et va planter 6 ha par an pendant huit ans. Mais « le vin ne se vend pas tout seul, insiste-t-il. Il faut être combatif et ne pas sous-estimer l'énergie nécessaire. Pour moi, une petite semaine de travail, c'est 75 heures. Ce n'est pas un métier, c'est un mode de vie ».

Et si c'était à refaire ? « Je mécaniserais la récolte plus tôt »

« J'ai longtemps été un apôtre des vendanges manuelles. Puis, avec les progrès techniques, j'ai changé d'avis. La machine à vendanger nous permet de récolter de nuit, à la fraîche, et grâce au trieur égreneur embarqué, elle conserve une belle qualité de raisin.

Mais il faut un palissage très robuste. En 2007, nous avons démarré la mécanisation du vignoble. Depuis, nous avons planté 70 ha palissés et recépé 50 ha de grenache et de cinsault en gobelet pour les conduire en cordon de Royat. C'est un chantier considérable. Nous aurions pu l'initier plus tôt. Second point : jusqu'à il y a quatre ans, nous ne réalisions guère d'efforts envers la restauration locale, alors qu'il est important d'être le patron chez soi. Depuis, nous avons fait appel à un commercial exclusif pour le Var et les Bouches-du-Rhône. Notre objectif est d'y atteindre 600 tables, contre 150 aujourd'hui. Nous aurions dû nous en préoccuper plus tôt, car ces départements ne sont pas sinistrés. »

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'EXPLOITATION

Main-d'œuvre : Sophie, Olivier, son épouse Annabelle, vingt-cinq employés et des prestataires.

300 ha dont 220 en production.

AOP Côtes-de-Provence et IGP Méditerranée.

Cépages : grenache, syrah, cinsault, carignan, cabernet sauvignon, mourvèdre, tibouren, rolle, ugni blanc et clairette.

Taille : cordon de Royat et gobelet.

Densité : 4 000 pieds/ha.

Production : 11 000 hl en 2012.

Achats : 6 500 hl en 2012.

Les ventes 2012

1,3 million de cols issus des propriétés (1,5 million en année normale), dont 70 000 magnums et 850 000 cols du négoce.

Trois gammes : Olivier Sumeire collection, Sophie Sumeire et Élie Sumeire.

6,50 à 29 euros TTC départ propriété.

3 à 9 euros TTC en grande surface.

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :