Globalement, les vins du Centre-Loire progressent à l'exportation (+ 4 %). Mais tous ne sont pas logés à la même enseigne. Sur les sept appellations, quatre sont en hausse sur les marchés étrangers. Il s'agit des AOC Coteaux du Giennois (+ 20 %), Châteaumeillant (+ 16 %), Reuilly (+ 12 %) et Pouilly-Fumé (+ 6 %).
Sancerre est stable (+ 1 %). Menetou-Salon et Quincy reculent. Menetou-Salon perd huit points, ce qui s'explique, pour une part importante, par un repli aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, deux pays à la recherche de prix bas. Quant aux vins de Quincy, manquant d'offre après la grêle et la petite récolte de 2011, ils reculent de douze points.
Sancerre, la première et la plus exportée des appellations (10,5 millions de bouteilles sur une production de 20,6 millions), voit les États-Unis ravir la place de premier client au Royaume-Uni. Et la Norvège prend la cinquième place aux Pays-Bas.
Pour l'ensemble des vins de la région, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas perdent des places, car ils sont orientés sur des prix bas.
À l'opposé, des marchés ont fortement progressé en 2011-2012. C'est le cas de la Russie (+ 112 %), des Émirats arabes unis (+ 79 %), du Japon (+ 57 %) et du Brésil (+ 48 %). Cependant, la région ne se satisfait pas de dévisser outre-Manche. « Redevenir la référence du sauvignon sur le marché anglais est notre premier axe de travail, explique Benoît Roumet, le directeur du Bureau interprofessionnel des vins du Centre (BIVC). Le deuxième, conduit collectivement avec les vins de Loire, concerne cinq pays : la Russie, la Chine, les États-Unis, le Canada et le Japon. Dans ces trois derniers, nous voulons booster nos ventes en travaillant davantage avec les prescripteurs (presse, importateurs et distributeurs). Nous voulons aussi nous adresser au grand public américain avec la participation aux Wine Riots, manifestations à destination des jeunes générations. »
Renforcer l'image des appellations
En Chine et en Russie, les ambitions sont plus modestes : il s'agit de développer la connaissance des vins du Centre et de ceux du Val de Loire en organisant des master class pour les prescripteurs (comme les journalistes), les importateurs et leurs commerciaux.
L'interprofession souhaite aussi renforcer l'image des sept appellations qui sont interdépendantes. « Elles font partie d'une même famille. Si une ou deux vont bien, elles entraînent les autres. C'est un atout fort pour nos exportations », souligne Benoît Roumet.
Si les actions collectives portent leurs fruits, les vignerons et négociants, eux aussi, se bougent fortement. Beaucoup se déplacent et font la promotion de leurs vins à l'étranger et, par là même, celle de leurs appellations. « Les vins des appellations Reuilly, Quincy, Menetou-Salon, Coteaux du Giennois et Châteaumeillant sont de qualité, rares et spécifiques. Ils ont des places importantes à prendre à l'exportation », rappelle Benoît Roumet.
Le Point de vue de
Philippe Raimbault, viticulteur à Sury-en-Vaux (Cher). 120 000 bouteilles (AOC Sancerre, Pouilly-Fumé et Coteaux du Giennois) exportées à 50 %.
« Pourquoi j'achèterais votre vin plutôt qu'un autre ? »
« Dans le passé, nous avons eu des marchés au Danemark et en Suède, mais ça n'a pas duré. Nous avons décidé de les reconquérir. C'est pourquoi nous sommes allés à Copenhague (Danemark) et à Stockholm (Suède) les 20 et 21 novembre derniers pour une prospection commerciale. Nous avons rencontré des importateurs.
L'objectif était d'approcher des clients potentiels, de nous faire connaître et de travailler avec ces deux pays qui sont de bons clients pour Sancerre et Pouilly-Fumé. Nous avons beaucoup dégusté, parlé de nos vins, de nos terroirs et de notre région. Nous avons constaté que les clients veulent de la qualité, bien sûr, mais aussi de l'authentique, des vins de terroir et, surtout, de la passion. Il nous a semblé que le prix passait en second plan. Deux acheteurs nous ont demandé : "Pourquoi, j'achèterais votre vin plutôt qu'un autre ?" Nous avons argumenté sur notre métier de vigneron depuis 1701, sur nos jolis terroirs où le sauvignon exprime bien son potentiel, sur notre travail de la vigne et du vin ainsi que sur notre souci permanent de la qualité de nos vins. Les clients sont exigeants. Nous devons les convaincre pour essayer de décrocher des commandes. Bien qu'il faille se battre, bien que ce soit extrêmement difficile, le bilan de notre séjour est bon. Le point essentiel que nous avons retenu, c'est qu'il faut bien se préparer avant de partir prospecter. »