Le volume des exportations de vins de Savoie est si faible qu'il n'y a pas de suivi statistique de ces flux. « On estime que les débouchés internationaux représentent moins de 5 % de la commercialisation, indique Franck Berkulès, du Comité interprofessionnel des vins de Savoie. Cela progresse, mais lentement. Il y a cinq ans, nous étions plus proches des 3 %. »
L'une des caractéristiques du marché des vins de Savoie est que l'essentiel de la commercialisation s'effectue dans la région de production : « Les étrangers découvrent souvent nos vins à l'occasion d'un séjour dans l'une de nos stations de ski », poursuit le chargé de communication. Cette manne touristique – Rhône-Alpes fait partie du trio de tête des régions les plus prisées par les touristes – explique l'absence de motivation pour partir à l'export. Pourquoi faire des kilomètres quand le consommateur étranger a la délicatesse de venir consommer chez vous ?
Il n'empêche que les opérateurs qui ont tenté leur chance sur le marché international ont souvent bénéficié des avantages de la niche de marché, à savoir : peu de concurrents et un accueil plutôt favorable de la part des consommateurs qui trouvent les produits sin singuliers mais faciles à accorder avec la cuisine internationale (sushis, cuisine chinoise…).
Diversité des marchés prospectés
Ces dernières années, on constate non seulement une augmentation des opérateurs qui s'essaient à l'export, mais aussi une plus grande diversité des marchés prospectés. À côté des pays traditionnels comme la Belgique et les Pays-Bas, on voit se développer une timide demande aux États-Unis, au Japon et en Chine.
Le Point de vue de
Alban Thouroude, éleveur négociant, propriétaire du domaine Les Rocailles, aux Marches (Savoie). 350 000 à 400 000 bouteilles, dont 80 000 vendues à l'exportation.
« Notre plus gros client est un distributeur américain »
« En moyenne, nous réalisons un quart de notre chiffre d'affaires à l'export. Le précédent propriétaire travaillait déjà ce débouché qui pesait alors 15 %. Aujourd'hui, les États-Unis sont notre premier marché. Là-bas, nous travaillons avec un distributeur grossiste. Au printemps, avec sa douzaine d'autres fournisseurs, il nous a invités à effectuer la tournée de ses propres clients. Ce n'était pas notre première tournée, car nous visitons nos clients au moins une fois tous les deux ans. Il est aussi fréquent qu'ils viennent nous rendre visite. Au printemps dernier, en quinze jours, nous sommes allés dans dix villes des États-Unis pour rencontrer ses revendeurs, essentiellement des cavistes et des restaurateurs. L'accueil a été très bon. Quand nos interlocuteurs ont du mal à situer la Savoie, ce qui est fréquent, nous leur parlons des stations de ski. Cela facilite l'échange. Le fait d'avoir des cépages atypiques est très apprécié. Ensuite, la dégustation fait la différence. Nous sommes très à l'écoute de nos acheteurs. Les goûts sont parfois différents. Par exemple, nos apremonts AOC destinés au marché français sont plus secs que ceux vendus aux Anglo-Saxons. Pour ces derniers, on est souvent à 6 ou 7 g de sucre résiduel par litre, contre 0,2 ou 2 g/l pour un apremont vendu en France. Notre gamme de prix est comprise entre 3 et 9 euros HT, départ cave. Aux États-Unis, notre distributeur nous revend entre 10 et 22 dollars HT. En six ans, avec mon associé, Guillaume Durand, nous avons développé de nouveaux pays : le Brésil, le Canada et la Pologne. Pour nous faire connaître, nous misons sur le bouche-à-oreille. Nous sommes aussi dans le guide Parker et nous participons à des concours internationaux. Dans les prochaines années, nous espérons développer l'Asie et l'Europe du Nord. »