Aucun produit n'est homologué en viticulture biologique pour lutter contre le black-rot. Or, « cette maladie est une préoccupation des viticulteurs bios », constate Caroline Le Roux, de la chambre d'agriculture du Rhône et du Comité de développement du Beaujolais. En 2010, le Sedarb (Service d'écodéveloppement agrobiologique et rural de Bourgogne) avait montré que l'association cuivre et soufre apportait une bonne protection. Mais ce résultat restait à confirmer.
Arnaud Furet, de l'Adabio, en Savoie, s'y est attaché. En 2011 et en 2012, il a testé plusieurs stratégies de lutte contre le black-rot en bio sur une parcelle du cépage jacquère. En 2011, la pression de black-rot a été très forte. Mi-septembre, le témoin non traité accusait 66 % de perte de récolte. Dans ces conditions, la modalité apportant 300 à 600 g de cuivre plus 5 à 8 kg/ha de soufre à chaque traitement (les doses maximales étant apporté autour de la fleur) a donné entière satisfaction. Ce programme affichait 94 % d'efficacité en fin de campagne, avec un apport de 3,3 kg/ha de cuivre métal.
La bouillie nantaise semble apporter un plus
Le technicien bio a démarré les traitements dès que les périthèces étaient mûrs et les conditions météo favorables aux contaminations. Il les a renouvelés avant chaque pluie contaminatrice ou chaque fois que la vigne avait poussé de plus de 20 cm, dès lors qu'ils étaient lessivés. L'ajout de divers produits alternatifs (décoction de plantes et autres tisanes) au cuivre et au soufre n'a entraîné aucune plus-value. En 2012, le technicien a renouvelé son essai, tout en le modifiant un peu. Il a notamment ajouté une modalité intégrant un traitement à la bouillie nantaise (ou bouillie sulfo-calcique) entre le débourrement et le stade deux à trois feuilles étalées, en plus des traitements déjà testés.
Cette nouvelle série d'essais a confirmé l'intérêt des applications de cuivre et de soufre. La bouillie nantaise a semblé apporter un plus. « Mais en 2012, la pression de black-rot sur grappe a été faible. Ces résultats sont à prendre avec précaution », nuance Arnaud Furet.
Dans le Beaujolais, Caroline Le Roux a suivi un essai similaire sur une parcelle de gamay ayant un fort inoculum de black-rot. En 2011, elle a testé une modalité de lutte prophylactique seule, une modalité bio (600 g de cuivre plus 8 kg/ha de soufre) et une modalité bio plus lutte prophylactique. Elle les a comparées à un témoin traité contre le mildiou et l'oïdium avec des produits conventionnels mais dépourvus d'efficacité contre le black-rot. Cette année-là, la pression de la maladie a été soutenue, mais la stratégie cuivre plus soufre a offert 70 % d'efficacité, avec un apport de cuivre métal de 4,7 kg/ha.
Poursuite des travaux en 2013 et 2014
En 2012, Caroline Le Roux a poursuivi l'essai en y ajoutant de nouvelles modalités, dont une avec du cuivre seul et une avec du soufre seul. Là encore, la stratégie cuivre plus soufre a eu une efficacité correcte, avec un apport de 5,6 kg/ha de cuivre métal.
Autre observation : le soufre seul a été plus efficace que le cuivre seul dans les conditions de cet essai moins attaqué par le black-rot que celui de 2011. « Nous allons poursuivre nos travaux en 2013 et 2014 pour voir si ces résultats se confirment », indique Caroline Le Roux.