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Vigne

Rivière a l'oeil sur le travail du sol

Martin Caillon - La vigne - n°253 - mai 2013 - page 48

La société Rivière conçoit des châssis enjambeurs qu'elle installe entre les roues d'un tracteur interligne. Un dispositf ingénieux qui permet au chauffeur de surveiller son travail.
SÉBASTIEN RIVIÈRE fait une démonstration chez Pierre Caslot, le viticulteur pour lequel il a créé ce châssis enjambeur permettant de biner deux rangs à la fois. PHOTOS M. CAILLON

SÉBASTIEN RIVIÈRE fait une démonstration chez Pierre Caslot, le viticulteur pour lequel il a créé ce châssis enjambeur permettant de biner deux rangs à la fois. PHOTOS M. CAILLON

Sur cette photo, on voit sous d'autres angles les dents que l'entrepreneur a tordues pour qu'elles travaillent au plus près des ceps.

Sur cette photo, on voit sous d'autres angles les dents que l'entrepreneur a tordues pour qu'elles travaillent au plus près des ceps.

Sur cette photo, on voit sous d'autres angles les dents que l'entrepreneur a tordues pour qu'elles travaillent au plus près des ceps.

Sur cette photo, on voit sous d'autres angles les dents que l'entrepreneur a tordues pour qu'elles travaillent au plus près des ceps.

CE CHÂSSIS ENJAMBEUR installé entre roues permet de travailler un rang complet. Il coûte 6 000 euros HT.

CE CHÂSSIS ENJAMBEUR installé entre roues permet de travailler un rang complet. Il coûte 6 000 euros HT.

Le concessionnaire et fabricant de matériels viticoles Rivière, basée à Benais (Indre-et-Loire), développe depuis quatre ans des châssis de travail du sol inédits. « La région de Bourgueil revient au travail du sol, analyse Sébastien Rivière, son gérant. Cette dynamique est souvent portée par des viticulteurs en bio. »

La plupart d'entre eux emploient des interceps attelés à l'arrière du tracteur. Un montage qui permet de travailler deux demi-rangs, mais qui n'est pas toujours très pratique, ni de tout repos pour le chauffeur contraint de se tourner vers l'arrière pour surveiller son travail. Travailler avec les outils devant soi est bien plus pratique.

Pour cela, on peut accrocher des outils à des enjambeurs. « Mais ces engins ne sont pas vraiment conçus pour des vignes de 2 mètres de largeur. Dans le vignoble de Bourgueil, rogné à 1,80 m, ils manquent aussi de hauteur sous la poutre », remarque Sébastien Rivière.

Sollicité par un viticulteur, l'entrepreneur trouve une autre solution. Il fabrique un châssis qui enjambe un rang de vigne. Il le monte sur un tracteur interligne, entre les roues, sur le côté droit. Le châssis, simple et robuste, est constitué d'une poutre carrée horizontale et de deux poutres verticales. Celles-ci descendent de part et d'autre du rang enjambé. Elles servent de point d'ancrage pour les interceps. Chacune porte une roue de terrage pour le contrôle de la profondeur de travail, profondeur que le chauffeur règle depuis son poste de conduite en commandant un vérin électrique.

Le montage de Rivière se distingue du châssis Acolyte de Boisselet, plus connu. Ce dernier enjambe le rang également, mais il est attelé à l'arrière du tracteur. « Avec le châssis Rivière, c'est beaucoup moins fatigant. Je n'ai plus à me retourner », commente Bertrand Marchesseau. Ce viticulteur de Bourgueil en conversion bio entame sa troisième saison avec un châssis enjambant un rang complet. Il l'équipe d'une paire de Decalex'Air de Souslikoff ou d'une tondeuse rotofil Avif. Pour le moment, six viticulteurs travaillent avec ce modèle.

Travailler avec précision

Pour Pierre Caslot, du domaine de la Chevalerie, à Restigné (Indre-et-Loire), Sébastien Rivière a réalisé un autre châssis enjambeur. À la différence du précédent, ce matériel se déploie de part et d'autre du tracteur pour enjamber deux rangs. Sébastien Rivière l'a construit pour un usage bien spécifique, à la demande de son client. Ce dernier cultive 38 ha en bio et enherbe ses interrangs. Il souhaitait pouvoir biner deux rangs à la fois sur une bande de 20 à 30 cm de part et d'autre de chaque rang, sans employer d'intercep.

Pour réaliser ce binage particulier, Sébastien Rivière a conçu un châssis entre roues travaillant les deux demi-rangs opposés au rang de passage du tracteur, tandis qu'un cadre attelé à l'arrière du tracteur bine les deux autres moitiés de rangs. Les deux jambes du châssis sont équipées de dents Kongskilde, de roues de terrage et d'un réglage de la profondeur de travail par un vérin électrique. Elles s'écartent hydrauliquement pour évoluer dans des vignes entre 1,70 m et 2,20 m de largeur.

Autre particularité de ce montage : l'outil de travail du sol. Il est composé de trois dents Kong-skilde dont les deux premières ont été tordues pour aller vers le rang et travailler au plus près des ceps sans heurter les grappes. La première de ces dents est équipée d'une patte-d'oie, la deuxième d'une lame Lelièvre et la troisième reçoit un déflecteur qui remet le terrain à plat. Pierre Caslot est satisfait : il bine désormais deux rangs à 6 km/h.

À la demande d'un autre viticulteur, Sébastien Rivière prévoit de construire un châssis encore plus performant. Celui-là permettra de travailler deux rangs complets avec des interceps. Monté entre roues, il disposera de quatre poutres verticales et autant d'interceps.

« Le modèle un rang peut avoir tendance à chasser dans certains sols lorsqu'il est attelé sur un tracteur à deux roues motrices. Le modèle deux rangs est plus équilibré. Nous n'aurons plus ce problème », indique Sébastien Rivière. De plus, le tracteur pourra en même temps travailler l'interrang ou tondre dans les vignes enherbées un rang sur deux. Dans cette configuration, le chauffeur verra les outils et pourra travailler avec précision.

Le Point de vue de

Thomas Pichet, viticulteur sur 19 ha en AOC Bourgueil au domaine du Petit Bondieu, à Restigné (Indre-et-Loire)

« J'accroche moins de ceps »

«Je désherbe mes 19 ha de vignes mécaniquement. Pour cela, j'ai une paire d'interceps Boisselet montée sur un cadre à l'arrière d'un tracteur. Depuis quatre ans, j'ai également un châssis enjambeur Rivière équipé d'interceps Decalex'Air de Souslikoff. Il est monté entre les roues d'un Renault deux roues motrices de 60 ch. Ce châssis enjambe un rang complet. Il est pour moi beaucoup plus pratique que le cadre arrière. Comme j'ai les outils interceps devant moi et d'un seul coté, je contrôle bien leur travail. J'avance en moyenne 1 km/h plus vite qu'avec mes interceps Boisselet. Et j'accroche moins les ceps. De même, dans les vignes en dévers, la profondeur de travail se corrige plus rapidement car chaque jambe du châssis possède une roue de terrage indépendante de l'autre. C'est très utile pour travailler à la bonne profondeur. Le montage des interceps sur le châssis enjambeur fragilise aussi moins la vigne. Car quand on travaille sur deux demi-rangs, les interceps ont tendance à pousser les ceps. Ce phénomène n'existe pas en travaillant un rang complet car le mouvement des interceps est plus équilibré : ils passent rapidement l'un après l'autre autour du cep. Ce châssis présente néanmoins un inconvénient : il faut au minimum une heure pour le monter et le démonter. Chez moi, il reste attelé au tracteur toute la saison. »

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