Cet été, le château Les Crostes, à Lorgues, dans le Var, ne proposera plus de bibs à sa clientèle professionnelle. « Nous avons lancé ce conditionnement en 2010 », expose Linda Schaller-Galet, sa directrice commerciale. De jolis bibs de 5 et 10 litres renfermaient alors le côtes-de-provence rosé du domaine.
« À l'été 2011, j'ai cru que j'allais vendre plus de bibs que de bouteilles, assène-t-elle. Nous produisons 3 000 hl par an. Au mois d'août, nous avions écoulé 800 hl en bib, dont les trois quarts à des cavistes et des restaurateurs ! J'ai arrêté net les mises. »
En 2012, rebelote. Fin juin, les quantités vendues en bibs atteignent déjà 400 hl ! De nouveau, Linda Schaller-Galet stoppe les ventes pour les arrêter définitivement en 2013.
Le prix du bib trop bas en Provence. Et pour cause : le bib est bien moins rentable que la bouteille. « Nous avions fixé son prix de vente aux professionnels aux alentours de 2 €/l HT alors que nous vendons nos bouteilles de 75 cl 4,35 €/col HT, indique Linda Schaller-Galet. Nous ne rentrions plus dans nos frais. Pour y parvenir, il aurait fallu vendre le bib 2 euros de plus. Nos clients ont refusé une telle hausse. »
Depuis cinq ans, la chambre d'agriculture du Var met en garde les vignerons en cave particulière. « Ils ne valorisent pas assez le bib au regard de son prix de revient », explique Franck Fourment, auteur d'une étude conduite en 2011-2012 auprès de quarante entreprises des côtes de Provence et des coteaux varois. Selon ce conseiller, les producteurs en caves particulières vendent leurs vins en bibs 2,40 €/l en moyenne hors caveau, alors que le coût de production se situe au-dessus de 3,30 €/l. « Nous commençons à être entendus, observe Franck Fourment. Des caves mettent désormais ce conditionnement moins en avant. »