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DOSSIER - Tri optique : Faut-il investir ?

Des solutions pour trier à moindre coût

La vigne - n°256 - septembre 2013 - page 25

Si le tri optique a la faveur des grands domaines, les petites exploitations lui préfèrent des solutions certes moins sophistiquées, mais beaucoup moins chères.
GILLES REMORIQUET a investi dans un Tribaie en 2009. Depuis, il vinifie les raisins à maturité optimale d'un côté et les baies immatures de l'autre. © C. FAIMALI/GFA

GILLES REMORIQUET a investi dans un Tribaie en 2009. Depuis, il vinifie les raisins à maturité optimale d'un côté et les baies immatures de l'autre. © C. FAIMALI/GFA

Domaine Remoriquet : Le Tribaie assure

Gilles Remoriquet voulait « aller plus loin dans le tri ». Ce viticulteur de Nuits-Saint-Georges, en Côte-d'Or, produit chaque année entre 400 et 500 hl de vin vendu entre 6 et 35 euros la bouteille en appellations Bourgogne Hautes-Côtes-de-Nuits, Nuits-Saint-Georges et Vosne-Romanée.

Dans une démarche qualitative, il observe que « le tri manuel n'est pas toujours suffisant. Le pinot noir a des grappes compactes. Les baies sont mûres à l'extérieur mais pas à l'intérieur ». Difficile pour des trieurs d'éliminer ces baies immatures.

Il se lance alors en 2008 dans la construction d'un « petit système par bain densimétrique pour voir si l'élimination des baies moins mûres améliore les vins », explique-t-il. Les résultats ont été concluants. Si bien qu'il fait l'acquisition, l'année suivante, d'un Tribaie acheté d'occasion avec deux autres viticulteurs pour 50 000 euros.

Passage obligé pour toute la vendange rouge. Cet équipement sépare « les baies éclatées et pourries, les raisins immatures et les grains de bonne maturité ». Au domaine Remoriquet, la vendange est à 85 % manuelle. Elle est transportée en caisse de 60 litres avant de passer dans un érafloir puis dans le Tribaie, à une cadence de 8 à 10 tonnes de vendange par jour pour un débit de 4 à 7 t/h. « Auparavant, six à huit personnes éliminaient les verjus et quelques raisins moins mûrs sur une petite table de tri. Aujourd'hui, seules deux ou trois personnes sont là, si c'est vraiment nécessaire », indique Gilles Remoriquet.

Il estime que le Tribaie élimine 80 à 90 % des grains botrytisés. La totalité de ses raisins rouges passe par l'appareil. Gilles Remoriquet vinifie ensuite les raisins selon leur maturité. « Avec les raisins plus mûrs, qui ont des tanins de qualité, la cuvaison est de trois semaines, détaille-t-il. Avec les raisins moins murs, les tanins sont plus durs. Je fais donc une cuvaison de dix à quinze jours, simplement pour extraire la couleur et les arômes. » Ensuite, il assemble ou pas les vins.

L'appareil est, certes, « plus encombrant » qu'un trieur optique, mais il est « moins cher ». Le viticulteur estime que l'investissement sera amorti en sept ou huit ans. Il se partage la machine avec les autres viticulteurs. Avec un avantage. « Je suis sur la côte », relève-t-il. Les vendanges de son domaine son donc plus précoce. « J'utilise le Tribaie en premier. Mes deux collègues commencent à vendanger quand j'ai terminé. »

Domaine Gerin : Mistral 100, la simplicité

Jean-Michel Gerin, lui, a investi seul. Viticulteur sur son domaine éponyme de 13 ha à Ampuis, dans le Rhône, il s'est équipé d'une table de tri Mistral 100 de la société Vaucher Béguet pour environ 20 000 euros en 2008. À un moment, il s'était posé la question du tri optique.

« Mais nous n'avons pas les moyens de mettre 150 000 euros dans ce genre de système, témoigne le viticulteur qui produit un peu moins de 1 000 hl par an de Côte-Rôtie, Saint-Joseph et autre Condrieu. De plus, en discutant avec des vignerons bordelais qui se sont équipés, j'ai appris qu'il n'était pas si simple de s'en servir. Il ne suffit pas d'appuyer sur un bouton pour trier. Il faut toujours être à côté de la machine. »

Adapter le chantier de récolte. Jean-Michel Gerin avait besoin d'éliminer les baies pourries. Car il arrive que la pourriture grise s'installe les quinze premiers jours de septembre. « Jusqu'en 2007, nous avions connu une succession de bons millésimes. On s'est dit qu'un jour ou l'autre, il y en aurait un mauvais. » Et il a eu raison. Dans la région, le millésime 2008 a été compliqué. Preuve de la qualité de ses vins, le domaine a été un des rares à avoir mis toute sa production en bouteille cette année-là.

Jean-Michel Gerin estime que le vin a « incontestablement gagné en qualité » grâce à sa table Mistral. Il est donc satisfait de son achat même s'il a dû adapter son chantier de récolte, sa table ne débitant que 3 à 4 t/h. « Avant, on amenait la récolte en une seule fois, le matin. Désormais, les raisins sont apportés petit à petit au cours de la journée », précise-t-il sans que cela ne le dérange.

Cette vendange manuelle est transportée dans des cagettes de 20 kg. Les raisins sont égrappés et passent sur la table de tri « quand c'est nécessaire », souligne le viticulteur. En fonction de la qualité de la vendange et de la quantité de baies pourries et de déchets à éliminer, il détermine la puissance de la lame d'air qui expulse les déchets de la table mistral. « C'est très simple, se réjouit-il. Il y a juste un potentiomètre à tourner. »

Cet article fait partie du dossier Tri optique : Faut-il investir ?

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