1 Accueillez-les à leur arrivée
Les saisonniers recrutés pour les vendanges restent peu de temps sur l'exploitation. L'accueil est une étape stratégique pour les aider à s'intégrer rapidement. Cette étape ne doit pas être déléguée. « Si le vigneron prend du temps pour les recevoir lui-même et leur expliquer pourquoi il a besoin d'eux, ils se sentent pris en considération. Et ils seront d'autant plus motivés », souligne Jacques Bineau.
Cet accueil se prépare à l'avance. C'est le moment de présenter votre entreprise et de leur expliquer les tâches qu'ils auront à accomplir. Profitez-en également pour les informer sur les risques au travail, une étape obligatoire dans la prévention des accidents. Vous pouvez vous appuyer sur les livrets d'accueil et le DVD édités par la MSA pour les vendanges ou les vinifications, qui détaillent les situations, les outils et les postures. Mais ne vous contentez pas de remettre un livret à chacun en lui disant de le lire plus tard. « Prenez le temps de le commenter et d'expliquer les termes techniques, de façon à ce que tous aient bien compris. Et prévoyez un moment pour répondre aux questions », conseille Christelle Guillet.
2 Donnez-leur des repères
Ne vous contentez pas de décrire les tâches que les saisonniers devront effectuer. Situez-les dans la chaîne de production. Rappelez aux vendangeurs que les raisins qu'ils vont récolter serviront à élaborer des vins. Montrez-leur ceux qu'ils doivent couper et ceux qu'ils doivent laisser. N'hésitez pas à aborder les enjeux de la qualité. « Cela donne du sens à leur travail et leur permet de réfléchir à ce qu'ils font, d'être plus impliqués et donc plus efficaces », relève Christine Fali.
Prenez aussi le temps d'expliquer les règles de fonctionnement de l'entreprise, concernant les pauses, par exemple. N'oubliez pas les informations pratiques. Certains saisonniers n'ont jamais travaillé en extérieur. Ils ont besoin de conseils sur les vêtements et les chaussures à porter. Il faut leur rappeler de boire beaucoup lorsqu'ils travaillent par temps chaud, de se protéger du soleil… Faites-leur visiter les lieux, sans oublier les toilettes. Et n'attendez pas qu'une de leurs voitures vous gêne pour leur indiquer où se garer. Tout cela leur permet de se repérer et de se sentir plus en confiance pour démarrer le travail dans un contexte nouveau pour eux.
3 Structurez vos équipes
Si vous n'encadrez pas vous-même les saisonniers, indiquez-leur clairement quel permanent les dirige. C'est alors lui qui les accompagnera au quotidien et leur donnera les consignes de travail. C'est aussi lui qui sera chargé de gérer les relations au sein du groupe. Des formations existent sur ce thème, qui peuvent l'aider ou vous aider si c'est vous qui encadrez l'équipe.
Désignez aussi un tuteur auquel chaque saisonnier peut s'adresser s'il a des questions au quotidien. « Il ne faut pas que les nouveaux se sentent complètement perdus au sein d'une équipe déjà en place. Sinon, ils peuvent se sentir déstabilisés à la première difficulté et avoir envie d'abandonner », explique Christine Fali.
4 Veillez à l'entente dans le groupe
Pour que chacun se sente intégré, évitez qu'il y ait les permanents d'un côté, les saisonniers de l'autre et adressez-vous aux deux de la même façon. « Mélangez les jeunes avec les retraités, les expérimentés avec les novices. L'équipe fonctionnera mieux que si des sous-groupes se créent », certifie Christelle Guillet. Celui qui encadre l'équipe doit être garant de la place de chacun. « Il faut veiller à ce que certains ne cherchent pas à en marginaliser d'autres », rapporte Jacques Bineau.
Un peu de convivialité aide à créer une bonne ambiance. Prévoyez par exemple une petite pause dans la matinée, et amenez du café et des biscuits pour tout le monde. « C'est un moment partagé, alors qu'à midi, souvent, chacun mange de son côté. Cela améliore la cohésion au sein de l'équipe », constate Christelle Guillet. C'est aussi un moment de repos bienvenu. « Ce n'est pas du temps perdu, bien au contraire, cela aide à garder le rythme jusqu'à la fin de la matinée. Et c'est une façon de montrer aux saisonniers que vous prenez en compte leur fatigue », affirme Jacques Bineau.
5 Nouez des relations de confiance
« Évitez de faire sentir aux saisonniers qu'ils vous coûtent cher ou que vous n'avez pas de temps à leur consacrer, c'est contre-productif », avertit Jacques Bineau. Ne vous adressez pas à eux uniquement pour leur rappeler vos exigences. « Cherchez au contraire à établir des relations de confiance. Il sera d'autant plus facile de les mobiliser lorsqu'il faudra finir une parcelle en urgence, par exemple », poursuit le consultant.
N'hésitez pas à aller vers eux pour vous assurer qu'ils ont bien compris les consignes. « Souvent, ils n'osent pas demander », assure Christelle Guillet. Essayez autant que possible de mémoriser leurs prénoms. Évitez de manifester votre énervement en cas de problème. « Si quelque chose ne va pas dans le travail d'une personne, dites-le lui posément, sans la dévaloriser. Et surtout, expliquez-lui ce qu'elle doit faire pour que ça aille mieux », recommande Christine Fali.
6 Remerciez les meilleurs
Lorsque le travail est bien réalisé, dites-le aussi. La qualité des relations compte pour beaucoup dans la fidélisation des saisonniers. « Après la saison, vous pouvez envoyer une lettre de remerciement à ceux qui vous ont donné satisfaction. Profitez-en pour leur préciser que vous serez content de les retrouver l'année suivante », suggère Christine Fali.
Le Point de vue de
CHRISTINE FALI, consultante et formatrice en ressources humaines au sein du cabinet Fali
Le Point de vue de
CHRISTELLE GUILLET, conseillère prévention à la MSA du Maine-et-Loire
Le Point de vue de
JACQUES BINEAU, consultant et formateur en ressources humaines au sein du cabinet Emanence
Le Point de vue de
DAVID GRELLIER, RÉGISSEUR DU CHÂTEAU BELLERIVE, À ROCHEFORT-SUR-LOIRE (MAINE-ET-LOIRE)
« J'organise un pré-accueil avant les vendanges »
« Pour les vendanges, j'ai besoin d'une vingtaine de saisonniers. Depuis quatre ans, je fais venir vingt-cinq ou trente candidats quelques jours avant pour un entretien. Je les reçois un par un avec le chef d'équipe, les nouveaux comme les anciens. Cela prend une bonne demi-journée.
Nous leur expliquons le travail, les horaires et la durée du contrat. Avec les sept ou huit qui reviennent tous les ans, c'est rapide. Nous prenons plus de temps avec les nouveaux et nous leur demandons s'ils ont déjà travaillé en extérieur. Certains se rendent alors compte que ce n'est pas un poste pour eux et se désistent. La quasi-totalité des autres se présente le premier jour.
Nous leur avons déjà donné les informations pratiques sur la tenue, les repas et les boissons. Et nous avons enregistré leurs coordonnées pour remplir le contrat. Il nous reste à leur présenter en groupe les risques, avec l'appui du livret d'accueil de la MSA, à leur donner le téléphone du chef d'équipe et à détailler ce qu'ils doivent ramasser comme raisin. Cela ne prend qu'une demi-heure, car une bonne partie du travail a déjà été effectuée à l'entretien.
C'est moins stressant pour nous et également pour les saisonniers, qui ont déjà vu le lieu et les personnes qui vont les encadrer. Le travail démarre plus rapidement et il y a moins d'abandons. Lors de l'entretien individuel, nous sommes plus disponibles que le premier jour des vendanges pour être à leur écoute. Nous pouvons ainsi repérer ceux qui auront besoin d'un peu plus de soutien au démarrage. »