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Comment choisir et accueillir les saisonniers

FRÉDÉRIQUE EHRHARD - La vigne - n°288 - juillet 2016 - page 65

Trouver et garder du personnel prêt à réaliser les travaux manuels à la vigne n'est pas aisé. Voilà des conseils de nos experts pour sélectionner les bons candidats en vue de limiter les abandons.

Y a-t-il des profils à rechercher en priorité ?

Non, mieux vaut ne pas avoir d'a priori. Il y a des personnes prêtes à travailler en plein air quel que soit leur âge. « Pour les vendanges, les vignerons emploient aussi bien des jeunes que des retraités », constate Simone Kieffer, de l'Association des viticulteurs d'Alsace, qui participe à l'organisation de la plateforme Alsace Vendanges avec Pôle emploi et la MSA. L'origine rurale ou urbaine n'est pas non plus un critère de choix pertinent. « Ce qui compte avant tout, c'est la motivation de la personne », ajoute-t-elle.

Faut-il décrire les conditions de travail ?

Oui, car les candidats peuvent s'en faire une idée fausse s'ils n'ont jamais travaillé dans les vignes. « C'est important de préciser dans l'offre d'emploi qu'il s'agit de travaux manuels, pour lesquels une bonne condition physique est nécessaire », relève Stéphane Turpaud, responsable du pôle social au CER France Gironde.

Lors de l'entretien d'embauche, discutez avec le candidat pour savoir s'il a déjà travaillé en extérieur, rappelez-lui qu'il va travailler en plein air, sous le soleil, le vent ou la pluie. Détaillez les tâches à effectuer. S'il sent que cela ne lui convient pas, il vaut mieux qu'il se désiste tout de suite plutôt que d'abandonner après quelques jours.

Y a-t-il des conseils à donner aux saisonniers ?

Oui. Incitez-les à porter des chaussures qui maintiennent bien la cheville car ils marcheront toute la journée sur un sol irrégulier. Ils éviteront ainsi les entorses.

Rappelez-leur aussi la nécessité de se protéger du soleil. Conseillez-leur de porter un chapeau et un T-shirt à manches longues, même s'il fait chaud. Ces rappels sont très utiles, ceux qui n'ont jamais travaillé à l'extérieur ne se rendant pas compte des risques.

« Certains viennent en tenue légère comme s'ils allaient à la plage. Ils ne mesurent pas les risques de coups de soleil ou d'insolation », note Simone Kieffer. Lorsqu'il fait chaud, pensez à apporter de l'eau dans chaque parcelle et conseillez à vos salariés de boire fréquemment. Le temps pouvant changer rapidement, demandez-leur d'apporter de quoi se couvrir en cas de pluie et prévoyez quelques imperméables pour ceux qui auront oublié le leur.

Comment organiser les premiers jours ?

« C'est un moment décisif pour éviter les abandons », note Christine Fali, formatrice en ressources humaines. Soignez l'accueil, présentez l'exploitation à vos saisonniers et les tâches à accomplir. « Pour être motivés, ils ont besoin de comprendre en quoi leur travail est important. Prenez le temps de le leur expliquer, en soulignant par exemple l'utilité de l'effeuillage pour la maturité du raisin et la nécessité de trier la vendange pour avoir un vin de qualité », conseille-t-elle.

Le temps que les nouveaux saisonniers prennent leurs marques, travaillez à leurs côtés ou confiez-les à un tuteur qui pourra répondre à leurs questions. Ainsi, ils ne se sentiront pas perdus. « Lorsque c'est possible, allongez progressivement la durée d'une même tâche, pour qu'ils aient le temps de s'habituer. Et essayez de prévoir différents travaux dans la journée », suggère Christine Fali.

STÉPHANE CHAISE, DIRECTEUR DES DOMAINES SCHLUMBERGER, À GUEBWILLER, DANS LE HAUT-RHIN « Nous trouvons des chômeurs motivés »

 © DOMAINES SCHLUMBERGER

© DOMAINES SCHLUMBERGER

«Pour nos 140 ha de vignes, nous embauchons 20 à 30 saisonniers durant trois à quatre semaines pour les travaux en vert et 90 pour les vendanges, qui durent jusqu'à huit semaines. Nous sommes proches de Mulhouse où nous arrivons à recruter des chômeurs motivés. Nous avons fidélisé des femmes d'origine turque qui apprécient de travailler dehors. De plus, elles nous amènent chaque année de nouvelles recrues. Nous embauchons aussi des jeunes, à qui nous montrons tout de suite les coteaux, en précisant bien que tout se fait manuellement et qu'il faut porter du poids lors des vendanges. Quelques-uns abandonnent. Mais la plupart s'accrochent. Nous organisons le travail sur quatre jours, pour leur laisser trois jours de repos. Nous respectons les personnes. À midi, ceux qui le souhaitent peuvent se faire des grillades. Nos employés d'origine turque apprécient. S'il pleut, nous avons un réfectoire. En fin de contrat, nous organisons un pot avec toute l'équipe. Certains s'impliquent beaucoup dans leur travail. Ils sont curieux. Nous les repérons et leur proposons un poste permanent. Nous venons ainsi de recruter en CDI trois jeunes qui apprécient de travailler en plein air, au contact de la vigne. »

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CHRISTINE FALI, consultante et formatrice en ressources humaines au sein du cabinet Fali.

CHRISTINE FALI, consultante et formatrice en ressources humaines au sein du cabinet Fali.

SIMONE KIEFFER, en charge des questions de main-d'oeuvre à l'Association des viticulteurs d'Alsace. © M. FAGGIANO / AVA

SIMONE KIEFFER, en charge des questions de main-d'oeuvre à l'Association des viticulteurs d'Alsace. © M. FAGGIANO / AVA

STÉPHANE TURPAUD, responsable du pôle social au CER France Gironde. © CERFRANCE GIRONDE

STÉPHANE TURPAUD, responsable du pôle social au CER France Gironde. © CERFRANCE GIRONDE

CHRISTINE FALI, consultante et formatrice en ressources humaines au sein du cabinet Fali.

SIMONE KIEFFER, en charge des questions de main-d'oeuvre à l'Association des viticulteurs d'Alsace.

STÉPHANE TURPAUD, responsable du pôle social au CER France Gironde.

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