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DOSSIER - Ils ont surmonté une catastrophe climatique

Denis Chilliet, château de Buffavent, à Denicé (Rhône), 23 ha en AOC Beaujolais « J'étais assuré et j'avais du stock »

La vigne - n°257 - octobre 2013 - page 25

L'an dernier Denis Chilliet a fait le tiers d'une récolte normale après avoir subi un gel hivernal et la grêle en été. Il était assuré et s'est démené pour vendre des vins qu'il avait en stock.
DENIS CHILLIET avait 15 000 bouteilles et 115 hl de vrac en cave avant les vendanges de 2012. Cela lui a permis de faire face à la petite récolte cette année-là. © J.-F. MARIN

DENIS CHILLIET avait 15 000 bouteilles et 115 hl de vrac en cave avant les vendanges de 2012. Cela lui a permis de faire face à la petite récolte cette année-là. © J.-F. MARIN

La récolte 2012 en Beaujolais ? Historiquement faible. Denis Chilliet n'est pas prêt de l'oublier. Les premières inquiétudes sont venues dès février. Pendant deux semaines, un grand froid souffle sur tout le vignoble. Un vent glacial et des températures de - 20°C. « Cela ne s'était pas produit depuis 1985 », indique le viticulteur, à la tête du château Buffavent, 23 ha en AOC Beaujolais, à Denicé, dans le Rhône..

Au printemps, il a fallu se rendre à l'évidence : la vigne ne débourre pas. « Les vieilles vignes étaient les plus touchées. Seulement quelques bourgeons poussaient ici et là », se souvient-il. Sur 17 ha de gamay, une dizaine d'hectares peine à donner des bourgeons. Le viticulteur fait venir l'expert de son assurance pour constater la situation.

Le printemps file. À l'été, ce sont les orages de grêle qui arrivent. La moitié du vignoble de Denis Chilliet est touchée. À la veille des vendanges, le bilan est édifiant : sur 4 ha, il n'a pas de raisins ou des baies trop sèches pour être récoltées du fait de la grêle. Sur le reste du domaine, les rendements sont anormalement faibles à cause du gel d'hiver. D'ailleurs, 3 ha sont tellement touchés qu'il les arrachera durant l'hiver pour les replanter grâce aux 11 500 €/ ha d'aide européenne à la restructuration.

Finalement, en 2012, Denis Chilliet ne récoltera que 19 hl/ha, contre un peu plus de 50 hl/ha habituellement. « J'ai subi un gros coup au moral, avoue-t-il. Mais j'étais assuré. »

Installé depuis cinq ans, Denis Chilliet a d'emblée souscrit une assurance, même s'il lui a fallu débourser 7 200 euros par an. Une cotisation qui couvre 18,9 ha pour un rendement de 40 hl/ha à 140 €/hl. La franchise étant de 15 %. « L'assurance est une solution. Je n'ai pas de maison secondaire à vendre en cas de pépin », révèle-t-il.

Ce n'est pas la seule mesure de précaution qu'il a prise. Depuis son installation, il a constitué du stock, d'une part, pour contenter ses clients amateurs de vins mûrs et, d'autre part, pour avoir de quoi parer aux coups durs. À la veille des vendanges 2012, il avait ainsi 15 000 bouteilles et 115 hl de vrac en cave. En 2013, il a donc privilégié ses millésimes 2009, 2010 et 2011 pour ses ventes directes. « C'est utile dans ce genre de situation », dit-il.

Autre parade à la mauvaise récolte : la mise en avant de rosés. Denis Chilliet a vinifié dans cette couleur 20 hl de vendange qui ne méritaient pas de produire des rouges. À ce jour, il en a écoulé 2 300 bouteilles. « Je me suis démené. J'ai démarché les restaurants et les particuliers pour pousser ces rosés à la vente », souligne-t-il. Toutes couleurs confondues, il a vendu 12 300 bouteilles, contre 10 000 habituellement.

Enfin, le viticulteur a profité des tensions sur le marché du vrac qui ont provoqué une forte hausse des prix. « J'ai vendu le beaujolais primeur 215 euros l'hectolitre, alors que le millésime précédent se situait entre 160 et 180 euros l'hectolitre. J'ai pu ainsi écouler 300 hl », précise-t-il.

« L'assurance est un outil de gestion d'une exploitation viticole »

Denis Chilliet est un adepte de l'assurance. « Le climat se dégrade. Nous sommes soumis à des coups de froid ou à des excès d'eau. Les aléas climatiques ne sont pas plus nombreux, mais plus violents que dans les années quatre-vingt. Il est impensable que les viticulteurs ne s'assurent pas. S'ils ne le font pas, c'est par bêtise ou par manque d'information », pense-t-il. Cet ex-régisseur d'un grand vignoble du Beaujolais en est convaincu : « L'assurance est un des outils de gestion d'une exploitation viticole. » Et de rappeler les réflexions menées dans le Beaujolais pour trouver des contrats plus accessibles et qui fassent « moins peur » aux viticulteurs. Une assurance couvrant les charges fixes ainsi qu'un chiffre d'affaires à l'hectare est à l'étude. Un système permettant de garantir la pérennité de l'exploitation. Le dossier suit son cours.

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