«Fin mai, début juin à Bordeaux, il a fait 10-12°C et le temps était couvert. La photosynthèse était donc faible », indique Jean-Pascal Goutouly, ingénieur de recherche à l'Inra de Bordeaux (Gironde). « Il y a eu des journées avec 80 mm de pluie », ajoute Carine Delacroix, conseillère viticole à l'Union régionale agricole de Branne, Libourne et Targon. Par conséquent, la floraison des merlots s'est mal passée. Ils ont beaucoup coulé.
Mais ces mauvaises conditions ont également perturbé l'initiation florale, c'est-à-dire la formation, au sein des bourgeons latents, des ébauches de grappes pour 2014. C'est ce qui inquiète les conseillers viticoles. Carine Delacroix pense que les mauvaises conditions climatiques de juin 2013 provoqueront « une sortie de grappes moins importante » au printemps 2014. « Il y aura moins de fleurs par inflorescence », complète Jean-Pascal Goutouly. En taillant normalement les vignes, les rendements risquent donc d'être faibles.
Vendanges en vert. Lors d'une réunion à Grézillac le 18 novembre, Carine Delacroix a suggéré aux viticulteurs de rallonger la taille afin d'assurer une sortie de grappes suffisante. Elle conseille de laisser un ou deux bourgeons de plus par pied par rapport à l'an dernier. Mais elle reconnaît « qu'en guyot, c'est assez compliqué de laisser deux bourgeons de plus sur chaque aste, car les lattes peuvent se croiser ». En cordon, il est possible d'ajouter un courson par pied.
Malgré ces recommandations, des viticulteurs se posent encore des questions. « C'est vrai que nous avons connu des problèmes à la floraison, assure une viticultrice qui n'a pas encore commencé à tailler. Mais si je taille plus long et que la floraison se passe bien, j'aurai trop de grappes. Je devrais faire des vendanges en vert. Or, je ne sais pas si j'en aurai le temps. » Comme ses finances risquent de pâtir des faibles rendements de l'année, elle ne pourra peut-être pas non plus supporter le coût de ce type de travaux.
Cette année plus qu'une autre, il faut raisonner la taille, car une nouvelle petite récolte serait catastrophique. « Il faut calculer le nombre de bourgeons à rajouter en proportion de la coulure de l'année », explique Jean-Pascal Goutouly. Selon lui, plus la coulure a été forte, plus il faut tailler long. Tout en restant raisonnable.