NICOLAS ASSEMAT, VIGNERON SUR 40 HA, À CAUNES-MINERVOIS (AUDE) « J'irrigue au canon et au goutte-à-goutte »
- Le point de départ : « Les années où une petite récolte se conjugue à une baisse des cours, le chiffre d'affaires peut fortement chuter. C'est ce qui s'est produit en 2009. En 2010, j'ai commencé à développer l'irrigation pour assurer un rendement correct tout en évitant les blocages de maturation, préjudiciables à la qualité. »
- Ce qu'il a fait : « Pour 1 500 euros, je me suis équipé d'un canon d'occasion, que je déplace d'une parcelle à l'autre. Et sur 5 ha de nouvelles plantations de chardonnay, viognier et caladoc, j'ai installé un goutte-à-goutte enterré. Cela permet de fractionner plus finement les apports, mais l'équipement revient à 1 500 €/ha. L'irrigation n'est pas nécessaire tous les ans. Cet été, le sol est resté frais jusqu'à fin juillet. J'ai fait un apport d'eau de 40 mm uniquement sur les merlots, car ce cépage est sensible au stress hydrique. Je peux désormais arroser un îlot de 25 ha de vignes bien restructurées et situées en plaine, qui disposait déjà d'un forage. Depuis que j'irrigue, je n'ai pas modifié la charge et je continue à laisser douze yeux par cep, répartis sur deux cordons. La fertilisation n'a pratiquement pas changé non plus. Sur chaque parcelle, j'apporte 5 à 6 t/ha de marc composté tous les trois ou quatre ans. Je n'ajoute du nitrate de potasse que dans les parcelles en goutte-à-goutte en complément durant l'été, lorsque la charge en raisins est importante. Cela stimule la photosynthèse et le feuillage reste plus vert. »
- Ses résultats : « Avant, mes rendements en IGP variaient entre 65 et 85 hl/ha. Depuis que j'irrigue, ils se situent régulièrement entre 85 et 90 hl/ha. Je ne constate plus de blocage de maturation et je gagne 1 à 1,5 degré suivant les années. L'équilibre sucre-acidité est meilleur et il y a plus de polyphénols. Cela correspond mieux au profil de vin recherché par mes deux coopératives, sur Caunes-Minervois pour les rouges et Peyriac-Minervois pour les blancs. »
STEPHAN JOLY, VIGNERON SUR 20 HA, À MÉRINDOL-LES-OLIVIERS (DRÔME) « J'ai remis des engrais, laissé une baguette de plus et complanté »
- Le point de départ : « J'ai une parcelle de chardonnay en IGP plantée en 1994. Au fil des années, le rendement a diminué. De 82 hl/ha, il est descendu à 30 hl/ha en 2011. Dans le même temps, le prix auquel ma coopérative, la Comtadine, me paye ce cépage a augmenté. Aujourd'hui, il approche 80 €/hl. C'est motivant. Pour en profiter à plein, j'ai décidé de m'occuper mieux de ce chardonnay. »
- Ce qu'il a fait : « Cette parcelle de 96 ares est plantée à 4 000 pieds/ha. Je ne l'avais pas complantée depuis longtemps. Au printemps 2013, j'ai remplacé 500 ceps. En attendant que ces nouveaux plants produisent, j'ai laissé sur les souches les plus vigoureuses une baguette avec quatre ou cinq yeux en plus du double cordon pour compenser. Pour mieux nourrir tous ces raisins, j'ai apporté 2 t/ha d'un engrais organominéral dosé à 4-4-4 au printemps 2013. Depuis plusieurs années, je faisais l'impasse sur les engrais, il fallait corriger le tir pour restaurer la fertilité du sol. Depuis deux ans, j'ai aussi supprimé l'enherbement un rang sur deux. Je soigne le travail du sol l'été pour éviter toute concurrence hydrique dans cette parcelle au sol séchant. J'ai également renforcé la protection contre l'oïdium, qui m'avait fait perdre de la récolte en 2011. Le programme démarre plus tôt, dès le débourrement, avec un soufre mouillable. Je respecte bien les cadences. Et à la chute des capuchons floraux, j'intercale un soufre poudre en positionnant un rognage juste avant pour que le produit arrive bien jusqu'aux grappes. Cela donne de bons résultats. Je vais m'équiper d'une poudreuse avec plus de capacité pour traiter plus facilement les autres parcelles en AOC. »
- Ses résultats : « La vigne a regagné de la vigueur et le rendement est remonté à 65 hl/ha en 2013. Au printemps prochain, je vais encore apporter une dose correctrice d'engrais organominéral. Et d'ici quelques années, les ceps complantés devraient commencer à produire. »
PASCAL PÉLISSOU, VIGNERON SUR 50 HA, À BRENS (TARN) « De l'azote, de la potasse, de l'eau et plus d'yeux à l'hectare »
- Le point de départ : « En 2007, ma coopérative, Vinovalie, m'a demandé de produire moins d'AOC. J'ai progressivement reconverti vers l'IGP une quinzaine de parcelles. Pour les choisir, j'ai pris en compte leur productivité, la proximité des pompages pour l'irrigation et le potentiel du cépage. En AOC, je produis en moyenne 50 hl/ha. Mon objectif en IGP était de doubler pour arriver à 100 hl/ha, car j'avais constaté dans mes quelques parcelles déjà en IGP qu'à 80 hl/ha, la rentabilité n'était pas suffisante. »
- Ce qu'il a fait : « Dans ces parcelles reconverties, je suis passé à une taille en guyot double, pour laisser dix à douze yeux par cep au lieu de cinq ou six en AOC. Au printemps, j'apporte 35 à 40 U/ha d'azote. Dans un premier temps, j'avais amené 50 ou 60 U/ha mais, avec une végétation trop abondante, le botrytis s'était développé par endroits. J'ai donc ajusté les doses. Dans des parcelles où j'avais constaté des problèmes de maturation, des analyses de pétiole ont révélé un manque de potasse. J'en apporte désormais 30 à 40 U/ha au mois d'août, sur toutes les parcelles en IGP. Enfin, pour réduire le stress hydrique, j'ai supprimé l'enherbement permanent en labourant un rang sur deux alternativement et installé l'irrigation au goutte-à-goutte grâce à des pompages que je possédais déjà. »
- Ses résultats : « En deux ans, j'ai vu le rendement progresser. J'ai peu à peu adapté la charge, la fertilisation et l'irrigation. Dans les parcelles qui ont le mieux réagi, j'atteins 120 hl/ha. C'est plus facile avec le duras, un cépage qui a un bon potentiel. Avec le fer servadou ou le merlot, sensible à la coulure, les rendements restent inférieurs et varient de 50 à 90 hl/ha. En moyenne, durant les cinq dernières années, je suis malgré tout arrivé à produire entre 100 et 105 hl/ha sur mes 17 ha d'IGP irrigués. La marge s'est maintenue par rapport à l'AOC, mais avec plus de travail. Comme les bois sont plus nombreux et plus vigoureux, il faut 25 à 30 % de temps en plus pour tailler ces parcelles. Pour réduire ce poste, je teste la taille mécanique sur 5 ha. »