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DOSSIER - Tour des vignobles : gagnants et perdants d'une récolte compliquée

CENTRE Entre optimisme et prudence

GRÉGORY PASQUIER - La vigne - n°260 - janvier 2014 - page 29

Les volumes produits cette année devraient permettre de stabiliser les prix. Mais certains opérateurs restent prudents car l'an dernier, les cours ont flambé en fin de campagne.

Benoît Roumet, le directeur du Bureau interprofessionnel des vins du Centre (BIVC), avoue que le millésime 2013 a été compliqué. « Mais tout ce que je goûte actuellement est vraiment très intéressant », assure-t-il.

Autre motif de satisfaction : les vignobles de la région ont obtenu une récolte normale, à commencer par les deux principaux : Sancerre et Pouilly-Fumé. À Sancerre, les volumes sont connus. Et ils sont aux rendez-vous. « En 2012, nous avions 166 500 hl. Cette année, nous sommes à 169 700 hl », indique Nathalie Prieur, de l'Union viticole sancerroise. « En blanc, nous avons des rendements de 50 à 60 hl/ha et en rouge de 40 à 50 hl/ha. À peu près comme l'an dernier », confirme Matthias Roblin, viticulteur sur 17 ha à Sancerre (Cher).

À Pouilly, d'après les premières estimations du syndicat viticole de l'aire AOC, la récolte 2013 devrait être légèrement inférieure aux 77 000 hl de 2012.

« Avec la bonne récolte 2013, les prix ne devraient pas flamber, anticipe Nathalie Prieur. Les cours ont beaucoup augmenté l'an dernier, surtout en blanc. » Le sancerre blanc était à 4,63 €/l en septembre 2012 et s'est retrouvé à 5,38 €/l en septembre 2013. « C'est parce qu'il y avait moins de vins disponibles l'an dernier », assure Benoît Roumet.

Pour le négoce, ce serait une erreur d'augmenter encore les prix cette année, car des acheteurs étrangers pourraient s'approvisionner en Espagne ou en Italie. Il faudrait alors aller rechercher ces marchés plus tard avec des prix cassés. De même, en France, les consommateurs pourraient se rabattre sur des vins moins chers. Un acheteur de sancerre et de pouilly explique : « Actuellement, une bouteille de sancerre se trouve à 7,50 euros en supermarché. Il ne faut pas qu'elle dépasse la barre fatidique des 9,50 euros. »

Du potentiel à l'export. Si les prix se stabilisent, Benoît Roumet pense que le Centre-Loire peut « retrouver son niveau d'exportation de 2008 ». Avant la crise financière de 2008, ses exportations avaient atteint des records. « Suite à la crise, elles ont baissé de 40 % vers l'Angleterre deux années de suite », poursuit le directeur du BIVC. Il estime qu'il y a donc le potentiel pour exporter 5 000 hl de plus que les 129 000 hl sur la période 2012-2013.

Ces exportations au départ du Centre-Loire ont d'ailleurs progressé de 9 % sur la campagne 2012-2013. Avec 29 600 hl, le Royaume-Uni a enregistré une progression de 14 %. Ce qui le place en tête des pays importateurs de vin du Centre-Loire, devant les États-Unis (28 700 hl) et la Belgique (18 300 hl).

Sancerre et Pouilly-Fumé restent les deux appellations qui s'exportent le mieux, mais « le BIVC fait de gros efforts en collaboration avec la région et la chambre régionale du commerce pour implanter les plus petites appellations comme Menetou-Salon, Quincy ou Reuilly aux États-Unis ». Et sur la campagne 2012-2013, elles ont progressé respectivement de 7 %, 33 % et 29 % sur ce marché.

170 000 HL

C'est le volume de la récolte 2013 à Sancerre, soit 2 % de plus qu'en 2012. « 2013 est une année normale en volume », estime le syndicat. Les prix, qui ont flambé l'an dernier après la récolte 2012 légèrement déficitaire, devraient se stabiliser.

Le Point de vue de

Philippe Seguin, domaine Seguin et fils, 17,5 ha en AOC Pouilly-Fumé, à Pouilly-sur-Loire (Nièvre)

« Je vais augmenter le prix de mes bouteilles de 20 centimes »

Philippe Seguin

Philippe Seguin

« Le millésime 2013 a été assez décrié mais, actuellement, les vins se goûtent très bien. Nous avons récolté 60 hl/ha en sauvignon blanc, sachant que le maximum de l'appellation est à 65 hl/ha. Nous nous situons à peu près comme l'an dernier. Au 31 juillet 2013, j'avais une demi-récolte en stock. C'est ce que je garde habituellement. Cela me permettra de fournir du 2012 jusqu'au mois de mai 2013. L'état d'esprit est donc à l'optimisme. Nos vins plaisent et ils se vendent bien. En plus, l'offre sur les vins blancs secs en 2014 sera faible, car il y a eu beaucoup d'incidents climatiques dans des vignobles qui produisent des vins sur le même marché que nous. J'imagine donc mal un effondrement des prix en 2014. Actuellement, le prix du vrac augmente. Mais cette hausse de 3 à 4 % suit l'inflation. Et les niveaux de prix que nous avons sont ceux d'il y a trois ou quatre ans. Je vais d'ailleurs appliquer la même augmentation à mes prix bouteilles. Je produis chaque année de 70 000 à 80 000 cols de la cuvée domaine Seguin, que nous vendons 9 euros, 13 000 bouteilles de la cuvée prestige, à 11 euros, et le reste de la production est la cuvée 3, à 15 euros. Cette année, je vais augmenter leur prix de 20 centimes TTC. Mais c'est une hausse très classique. Nous commercialisons 40 % de cette production en direct aux particuliers et 60 % à l'export. Nous avons eu un passage à vide à l'export en 2009-2010, mais il y a des marchés qui repartent, comme les États-Unis ou l'Angleterre. »

Cet article fait partie du dossier Tour des vignobles : gagnants et perdants d'une récolte compliquée

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