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Autant le dire

« Lutter ensemble »

Julien Weinreich, 22 ans, du domaine Giniès, à Piégon (Drôme) - La vigne - n°261 - février 2014 - page 4

Je suis jeune vigneron installé sur le domaine familial où l'on pratique la culture bio depuis 1990. Mon exploitation est située dans une zone où nous avons l'obligation d'effectuer un traitement contre la flavescence dorée, et probablement deux la campagne prochaine. Je voudrais réagir sur la polémique qui enfle du fait que certains vignerons bios jugent bon de ne pas respecter le caractère obligatoire des traitements contre la flavescence dorée.

Ces refus d'appliquer la lutte obligatoire n'ont fait que diviser notre filière entre les bios et non bios. Certains en profitent pour nous dévaloriser. Mais plus grave : ces refus provoquent des divisions au sein de la famille bio, si tant est qu'il y en ait une, et flouent le consommateur. Sous quel prétexte peut-on refuser d'appliquer un traitement obligatoire ? Pour se dire plus bio que bio ? Cela n'a pas de sens. Je vous rappelle que l'un des préceptes de l'agriculture biologique est d'agir en lutte préventive pour limiter la toxicité des produits employés et le nombre de traitements. Il est injustifié de ne pas traiter quand on croit ne pas avoir de souches contaminées chez soi.

De plus, cette lutte se doit d'être collective et faite main dans la main entre les bios et les non bios. Ces derniers n'ont pas à se soucier de la soi-disant mauvaise efficacité des produits homologués en bio, car plusieurs études démontrent le contraire.

J'espère que ceux qui n'ont pas traité prendront leurs responsabilités lorsque leurs voisins et collègues seront obligés d'arracher leurs vignes. De même quand notre environnement sera dégradé, car leur action ne fait que prolonger la durée de lutte obligatoire.

Cela dit, il faut que les autorités et la filière prennent bien en compte les problèmes que pose la flavescence dorée, mais également les effets secondaires des traitements sur la faune auxiliaire. Il faut qu'ils poussent au développement de nouveaux moyens de lutte. Notre filière, si importante pour notre pays, en sortirait renforcée. Je crois au bio et je pense qu'il doit rester éthique, mais réaliste.

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