Cédric Perez, qui exploite 34,5 ha à Saint-Yzans-de-Médoc (Gironde), est un adepte du vrac. Tout son médoc (1 650 hl) est vendu à la Compagnie des vins de Bordeaux et de la Gironde depuis trois ans. L'an dernier, il a écoulé la majorité de sa récolte à 2 000 euros le tonneau de 900 l (222 €/hl). Seul un petit lot a été enlevé à 1 750 euros. Avec la petite récolte de 2013, les prix grimpent. Pour autant, Cédric Perez ne veut pas se montrer trop gourmand. « Si je vends à 2 300 euros le tonneau (256 €/hl), ce sera bien. Je préfère miser sur un prix très correct et travailler dans la durée plutôt que de faire un coup. Soyons raisonnables », préconise-t-il.
Pour l'heure, les échanges n'ont pas vraiment démarré. « On est face à un marché hésitant, observe le courtier Jean-François Braquessac. Compte tenu des hausses de prix, le négoce et la production se regardent sans s'engager. Les transactions se font entre 2 200 et 2 300 euros pour le coeur du marché. Ces hausses entraînent des refus à l'exportation, où des opérateurs jugent les prix trop élevés et se rabattent sur d'autres appellations. »
À la coopérative Uni-Médoc, Xavier Deval, le directeur, indique : « Nous discutons avec le négoce pour gérer au mieux le manque de volume. Personne ne souhaite l'excès de spéculation. »
Jean-Philippe Code, le directeur du service études et économie au CIVB, a fait les comptes. Sur la période allant d'août à janvier, le prix moyen pondéré du tonneau est passé de 1 600 euros pour la campagne 2011-2012 à 2 095 euros en 2013-2014.
Reste une tendance de fond : la baisse du vrac. « La commercialisation s'oriente vers la bouteille. Le vrac est de plus en plus minoritaire, il ne représente plus que 31 % des sorties totales de l'AOC Médoc », indique-t-il.
À Civrac-en-Médoc, Bruno Richard, à la tête du domaine de Faugeroux, exploite 4 ha. Il produit 160 hl en moyenne, écoulés aux deux tiers en vrac, le reste en bouteilles. Mais c'est décidé, il va lâcher le vrac pour ne vendre qu'en bouteille. « À 2 400 euros le tonneau (267 €/hl), je perds de l'argent », affirme-t-il. Ce viticulteur jusqu'alors en conversion va pouvoir écouler son millésime 2013 en bio.