L'affaire est pliée. Les achats de bordeaux blanc sec sont pratiquement terminés. L'appellation suscite une vraie demande. Pour preuve, la coopérative des Vignerons de Tutiac, qui a produit 27 000 hl en 2013, avait tout vendu fin décembre à un prix qu'elle préfère garder confidentiel.
Le courtier Éric Échaudemaison ne peut qu'observer la bonne tenue de ce marché. « La campagne a démarré fin novembre et elle est pratiquement finie. Sur cette AOC, le négoce fait ses achats très vite. Nous allons finir la campagne sans stock. C'est de bon augure pour le millésime à venir », observe-t-il. Xavier Coumau, le président des courtiers de Gironde, ajoute : « Le millésime est excellent. Le marché est resté ferme et très actif. »
Jean-Philippe Code, directeur du service économie et études du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), voit deux raisons au déroulement actif de cette campagne. « Au niveau de l'offre, avec une récolte 2013 en baisse de 11 %, les disponibilités en début de campagne étaient en recul de 9 %. Par ailleurs, la demande est soutenue. Dans les grandes surfaces françaises, où le Val de Loire recule, le bordeaux blanc présente un prix attractif et ses ventes ont progressé en 2013 (+ 3 %). La progression est plus vive à l'export : + 15 %, avec un envol au Royaume-Uni, qui place ce marché comme le principal client à l'export de l'appellation. »
Les prix au tonneau progressent régulièrement. Sur la campagne 2011-2012, d'août à février, le tonneau de 900 litres se négociait 1 043 euros (prix moyen pondéré) pour passer à 1 148 euros en cette campagne 2013-2014.
Dans l'Entre-deux-Mers, Daniel Mercier, qui exploite le château Boutet Mercier, à Camiran (42 ha, dont 5,75 ha en sauvignon blanc), fait un peu figure d'exception. Ce n'est que début février qu'il a vendu 280 hl de bordeaux blanc à Grands chais de France à un prix de 1 200 euros le tonneau, soit 133 €/hl. « J'ai obtenu 50 euros de plus que l'an dernier. On aurait pu monter à 1 300 euros », confie-t-il. Ce n'est pas pour cette fois.