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DOSSIER - Rendement : viser plus haut

Franck Bonnet, SCEA Vignobles Bonnet, 76 ha à Roaillan (Gironde) « Des stocks pour lisser les pertes »

La vigne - n°263 - avril 2014 - page 25

Grâce à ses réserves, Franck Bonnet devrait passer le cap de la petite récolte 2013. Mais il faut que la production soit bonne en 2014.
FRANCK BONNET, vigneron installé à Roaillan (Gironde), va puiser dans les millésimes précédents pour arriver à approvisionner ses marchés en bouteilles. © L. WANGERMEZ

FRANCK BONNET, vigneron installé à Roaillan (Gironde), va puiser dans les millésimes précédents pour arriver à approvisionner ses marchés en bouteilles. © L. WANGERMEZ

« En 2013, nous avons échappé à la grêle mais pas à la coulure ! déplore Franck Bonnet, installé à Roaillan (Gironde) avec sa femme Christine. Nous n'avons rentré que 2 560 hl d'AOC Graves, contre 3 900 hl habituellement. En rouge, avec seulement 1 660 hl, nous avons perdu 40 % de nos volumes, et en blanc, avec 900 hl, près de 25 %. Heureusement, nous avons des stocks sur plusieurs millésimes qui vont nous aider à servir nos clients. Et avec la vente de nos 587 hl de volume complémentaire individuel (VCI), nous avons récupéré de la trésorerie. »

Avec cette petite récolte, il a fallu faire des choix. « Je conditionne uniquement mes premiers vins, que j'élève durant deux ans pour proposer des cuvées prêtes à boire », détaille le vigneron. Il vend ces vins à des particuliers, des restaurateurs et des cavistes, ainsi qu'à l'export.

Cette année, c'est principalement sur ce segment qu'il va réduire ses volumes, car la qualité n'a pas toujours été suffisante pour un premier vin. « En 2010, j'avais produit plus de bouteilles que je n'en vends car c'était un millésime très qualitatif. Je le mets tout juste sur le marché aujourd'hui. Grâce à ce stock et à ceux des millésimes précédents, je vais servir mes clients en 2014 », confie-t-il.

Franck Bonnet vend ses seconds vins à des négociants avec lesquels il travaille régulièrement. « Ils me prennent d'abord des vins jeunes pour leurs assemblages. Cette année, je vais les approvisionner comme d'habitude. À partir de la mi-avril, j'écoulerai 15 % de ma récolte 2013. Ainsi, je ferai rentrer de la trésorerie. »

Après un an d'élevage, il leur fournit également des vins en vrac prêts à la mise, destinés à des distributeurs. Ce débouché représente habituellement 45 à 50 % d'une récolte. « Sur ce créneau, la demande est en recul cette année. Je vais pouvoir réduire les volumes sans que cela pose de problèmes. Mais ce sera autant de trésorerie en moins quand je vendrai ces vins fin 2014 ou début 2015 », souligne-t-il.

Apport bienvenu. La hausse des prix ne compensera que partiellement la perte de récolte. Le cours de l'AOC Graves a grimpé de 10 % pour atteindre 1 650 euros le tonneau de 900 litres. « Mais que ce soit en bouteilles ou en vrac prêt à la mise, je vais augmenter mes tarifs de 5 % seulement. J'ai des marchés suivis avec des clients fidélisés que je ne veux pas perdre », précise-t-il.

Depuis 2010, il a accumulé 587 hl de VCI. « Ce VCI était déjà prévendu à des négociants. Ce n'était plus un volume supplémentaire disponible à mettre en marché. Mais cela m'a apporté 100 000 euros début 2014. »

Cet apport a été bienvenu, car il ne lui restait plus de réserves financières. « L'an dernier, j'ai investi dans un pressoir, une chaîne d'habillage et l'isolation d'un cuvier en profitant des aides de France-AgriMer », ajoute Franck Bonnet.

En assurant ses ventes grâce à ses stocks, il estime qu'il va réussir à passer le cap. Mais il ne pourrait pas faire face à une autre petite année. « Souhaitons que le millésime 2014 soit plus généreux pour que nous puissions mettre de belles cuvées en bouteilles ! »

« J'investis dans le renouvellement du vignoble »

Ces dernières années, 2013 mise à part, Franck Bonnet a régulièrement fait le plein du rendement autorisé, qui varie entre 48 et 56 hl/ha en fonction du millésime. Avec des vignes qui ont en moyenne vingt-cinq à trente ans d'âge, il n'a pas eu de difficultés à produire 3 ou 4 hl/ha de plus pour constituer son volume complémentaire individuel. « Je replante un hectare par an en moyenne pour maintenir le potentiel de production. Avec la baisse des cours du début des années 2000, j'avais dû lever le pied. Depuis, j'ai progressé à l'export et amélioré mes marges. Grâce à cela, en cinq ans, j'ai pu complanter et tout remettre à niveau. Il était temps, car j'avais de vieux cabernets où il n'y avait pas loin de 20 % de manquants », détaille-t-il. Et, depuis trois ans, il replante à nouveau des parcelles entières en profitant des aides à la restructuration.

L'essentiel de l'offre

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