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Autant le dire

« Trop de réflexions désobligeantes au sujet des coopératives ! »

Émeline Hascoët et Jean-Louis Chevallier, directrice et président de la cave des producteurs de vin de Montlouis (Indre-et-Loire) - La vigne - n°264 - mai 2014 - page 6

« Ta fille veut s'installer sur l'exploitation, c'est une bonne nouvelle. Elle va pouvoir vinifier ses propres cuvées et sortir de la coop ! » Voilà ce qu'a pu entendre un de nos adhérents lors d'une conversation avec un vigneron de notre appellation. Cela a été la goutte d'eau qui a fait déborder la bouteille !

Rien n'y fait : nos efforts quotidiens, nos excellents résultats, nos récompenses et la satisfaction de nos clients restent vains. Les réflexions désobligeantes ne cessent de venir nous chatouiller les oreilles. Mais aujourd'hui, la colère a pris le dessus et l'envie de défendre notre cave, nos vignerons et notre équipe devient une cause !

Jusqu'à présent, nous nous sommes contentés de faire notre métier, c'est-à-dire vinifier du bon vin, en parler et le vendre. Mais nous ne sommes pas des communicants, et c'est bien là notre seul tort.

Remarquez, si c'est pour lire dans un magazine « vin de la coopérative MAIS très soigné », on se demande alors si on ne ferait pas mieux de continuer à faire du bon vin ! Mais de quel droit ce « journaliste » se permet-il de juger ainsi la coopération ?

Ah, c'est vrai, chez nous les vignerons sont beaucoup trop « classiques », beaucoup trop « agriculteurs », pas assez « écolos » pour pouvoir intéresser une certaine caste de journalistes bobos à l'affût de sensationnel.

Comment voulez-vous que les caves coopératives (qui représentent la moitié de la production vinicole française !) soient reconnues dans l'imaginaire du consommateur français si elles sont ainsi boudées par la presse ?

Et le problème ne s'arrête pas là. La coopération ne fait plus recette auprès de certains établissements agricoles qui poussent les jeunes à s'orienter vers une agriculture biologique plutôt que d'aller s'enfermer dans une cave coopérative.

Ne pensez-vous pas qu'il y a de la place pour tout le monde ? Pourquoi aller décrier un mode économique qui participe à la vie rurale de nos campagnes, qui respecte l'environnement (tous nos vignerons travaillent en agriculture raisonnée) et qui produit des vins d'excellente qualité ?

Nous vous rappelons que la coopération est fondée sur les grands principes de l'économie sociale et véhicule ainsi les grandes valeurs qui y sont associées : solidarité, confiance, transparence, équité, responsabilité, démocratie et partage.

Eh oui, c'est tout ça, une cave coopérative !

Sûrement un peu trop naïfs, nous espérons chaque jour que les mentalités vont changer, évoluer, et que nos vignerons coopérateurs ainsi que notre cave seront reconnus à leurs justes valeurs... celles du respect de la nature, des hommes et du vin avant tout.

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