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éditorial

Bon voisinage

PAR BERTRAND COLLARD, RÉDACTEUR EN CHEF DE LA VIGNE - La vigne - n°265 - juin 2014 - page 5

Traiter une vigne, pour un vigneron, c'est un acte de protection contre le mildiou, l'oïdium, les tordeuses ou d'autres parasites. Une nécessité, jusqu'à nouvel ordre. Malheureusement, beaucoup de nos contemporains y voient tout l'inverse : une agression de l'environnement et, désormais, de la population. Les dangers qui guettent les cultures ne sont pas leur affaire. Nourris d'une vision idyllique de la nature, ils s'inquiètent des embruns que dispersent les traitements. La presse grand public les encourage à rester sur le qui-vive, faisant grand cas des études qui révèlent la présence généralisée de résidus de pesticides dans l'air, dans les vins, voire dans nos cheveux, sans préciser qu'il s'agit de traces infimes détectées par des outils d'analyse d'une extraordinaire puissance.

Dans ce climat, les bourdes, le manque d'attention aux autres, ont de lourdes conséquences. Début mai, un traitement a eu lieu en Gironde, tout près d'une école, pendant les heures de classe. Voyant que les enfants montraient des signes d'intoxication, le directeur de l'école a demandé que le traitement cesse. Sans résultat. Les symptômes s'aggravant, les pompiers sont intervenus. Quelques jours plus tard, Ségolène Royal, ministre de l'Environnement, a promis d'interdire les traitements durant les heures de classe jusqu'à 200 m des écoles. Une nouvelle complication en perspective, comme si le vent ou la pluie n'en apportaient pas déjà assez à certaines époques ! Quelle sera la prochaine ?

Plus récemment, des « anti-pesticides » ont saccagé un champ de pommiers dans le Limousin, loin de toute habitation, au prétexte que cette culture subit trop de traitements. Le manque d'attention au voisinage ne fera que renforcer ce climat d'hostilité. Pour apaiser les choses, il suffit bien souvent de prendre le temps de prévenir ses voisins avant un traitement et de leur expliquer pourquoi on le fait. La tâche peut paraître ardue. Mais elle est d'autant plus facile que l'on utilise de plus en plus de produits non classés, très peu dangereux pour l'homme et pour l'environnement. Et avec quelques explications, tout un chacun comprendra la nécessité de protéger les cultures, et acceptera d'en supporter les quelques inconvénients.

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