ImprimerLa récente dégustation d'un rosé élaboré par un grand nom du vignoble du Roussillon s'est révélée bien décevante. [...]
De mon point de vue, nous attendons d'abord d'un grand vigneron qu'il enfante des vins techniquement parfaits ; même si nous savons tous qu'un petit défaut fait parfois le charme d'un vin. Toutes les déviances habituelles (Brettanomyces, oxydation prématurée, verdeur, déséquilibre, etc.) me semblent incompatibles avec un vin techniquement parfait.
Ensuite, je pense qu'on attend d'un grand nom qu'il produise une qualité régulière, quels que soient les millésimes. Nous excuserons bien volontiers les faiblesses passagères liées aux conditions climatiques mais, globalement, nous n'attendons pas d'un grand nom une loterie perpétuelle entre les mauvaises et les bonnes années. Un grand nom se doit donc de transcender le millésime, quelles qu'aient été les difficultés pour en accoucher.
Puis, il me semble qu'un grand nom doit proposer des vins représentatifs du lieu sur lequel ils sont produits. On n'attend pas d'un producteur de muscadet qu'il produise des vins gras aux notes miellées. Un mauvais sancerre "embaumera" la pisse de chat, mais un bon viticulteur évitera cet écueil sans aucun problème.
Enfin, je pense que nous attendons d'un grand nom un "supplément d'âme", de la "race", peut-être même un brin de folie. Bref, tout ce qui fait qu'on passe du vin anodin - alimentaire allais-je écrire - au vin de plaisir. Au vin qui éveille la curiosité et les sens, au vin qui marque, au vin qui donne envie d'aimer le vin et d'en racheter.
