L'été 2014 s'est distingué par un manque d'ensoleillement et une pluviométrie record sur la majeure partie du pays. À partir du 10 août, les journées ont été très fraîches avec des températures maximales de 2 à 4°C en dessous des normales saisonnières.
Ces conditions ont permis la conservation d'une bonne acidité. Pour Marc Guisset, de la chambre d'agriculture des Pyrénées-Orientales, « les premiers jus révèlent un potentiel aromatique très intéressant. Les derniers prélèvements de syrah montrent une belle acidité totale comprise entre 4,5 et 5 g/l (équivalent H2SO4) pour des degrés potentiels d'environ 13 %. Le millésime s'annonce très prometteur ».
Bonne qualité aromatique. Il en est de même dans l'Hérault où Laurent Gourdon, chef du service viticulture de la chambre d'agriculture, constate « une maturation longue avec des journées pas trop chaudes et des nuits fraîches. Nous sommes satisfaits de la qualité aromatique ».
En Saône-et-Loire, Florent Bidaut est « assez optimiste pour ce millésime. Les maturités évoluent bien avec la conservation d'une forte acidité ce qui annonce un potentiel correct ». En Alsace, les niveaux d'acidité suscitent même de l'inquiétude. Marc Schmitt, de la chambre d'agriculture du Bas-Rhin, constate que « le pH des moûts est inférieur à 3 pour tous les cépages alors que les vendanges pour les effervescents commencent. De fortes chaleurs sont souhaitables pour dégrader l'acide malique. Quoi qu'il en soit, les vins seront vifs ».
Ces conditions climatiques ont favorisé un développement tardif du mildiou et l'apparition de foyers précoces de pourriture grise. Dans les Charentes, Jean-Michel Audouit, directeur de la coopérative agricole de la région de Cognac, observe « beaucoup de mildiou mosaïque ainsi que du rot brun, notamment dans les vignes très vigoureuses ».
Dans les Pyrénées-Orientales, « les épisodes orageux ont favorisé le mildiou mosaïque », relate également Marc Guisset. Il observe « des différences notables entre les parcelles traitées au bon moment et celles où les viticulteurs ont fait des impasses cet été ».
Mildiou et pourriture grise. Sur une large zone allant du Gard à l'ouest du Var et jusqu'à la Drôme, au nord, le mildiou et la pourriture grise se sont développés dangereusement. Le 25 août, la situation paraissait alarmante. Puis le vent du nord s'est levé. Le soleil est revenu. Les foyers de pourriture ont séché. Le mildiou s'est arrêté. Les parcelles les plus touchées seront « récoltées précocement afin d'être dirigées vers la production de rosés », explique Jacques Hilaire, président de la cave coopérative de Roquemaure (Gard).
Plus au nord, dans le Maine-et-Loire, Nicolas Rubin, conseiller viticole de la chambre d'agriculture, annonce « une situation maîtrisée sur le plan sanitaire » et Florent Bidaut, de la chambre d'agriculture de Saône-et-Loire, révèle « ne pas avoir vu de vignes aussi belles depuis longtemps ».
Félix Debavelaere, vigneron à Rully (Saône-et-Loire), 11 ha de vignes « L'année s'est révélée bien compliquée »
Félix Debavelaere, oenologue, est à la tête, avec sa mère Anne Sophie, du Domaine Rois Mages, situé à Rully (Saône-et-Loire). L'exploitation de onze hectares « s'est révélée bien compliquée cette année », constate le vigneron. « Le début de la saison a été marqué par une forte sécheresse puis, en juillet et août, la pluie s'est installée et n'a pas cessé de tomber. La gestion des traitements est alors devenue plus complexe. Et malgré notre assiduité, nous observons aujourd'hui quelques foyers de botrytis sur les rouges. Heureusement, depuis le 2 septembre, le beau temps est de retour et le vent du nord s'est levé, ce qui stabilise la progression de la pourriture. La forte pousse de l'herbe et de la vigne nous a laissé peu de répit. J'ai l'impression que l'arrêt de croissance n'est pas encore amorcé. À pareille époque, c'est incroyable. Nous pensons démarrer les vendanges autour du 15 septembre. La récolte s'annonce bonne, autant au niveau quantitatif que qualitatif, surtout en blancs. Les grains sont dorés, bien dodus et conservent une acidité élevée. Tout ceci nous laisse penser que le millésime a un bon potentiel. »
Alerte au black rot
Dans le Gard, la chambre d'agriculture a diffusé le 1er août une alerte par texto pour prévenir les vignerons que le black rot, habituellement cantonné au nord, s'était étendu sur tout le département. Nicolas Villessèche, qui cultive 70 ha de vigne à Pougnadoresse, avoue « ne pas avoir fait attention à utiliser un produit homologué contre le black rot car habituellement nous n'en avons pas ». Bien qu'ayant rectifié le tir en appliquant un fongicide à base de tébuconazole, sur certaines parcelles, il a perdu une partie de sa récolte. En Gironde, le vignoble a subi une grosse attaque de black rot en mai et juin. Cédric Élia constate que « les vignes les plus touchées se trouvent souvent à côté de parcelles abandonnées qui sont de vrais réservoirs à maladie. Dans ces situations, certains viticulteurs ont perdu 100 % de leur récolte ».