Retour

imprimer l'article Imprimer

Magazine - Terroir & tradition

Vinalia Le vin antique à l'honneur

FLORENCE BAL - La vigne - n°268 - octobre 2014 - page 86

Dimanche 28 septembre, le musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal, dans le Rhône, organisait la Xe édition de Vinalia, fête du vin et de la cuisine antiques. Bacchus et Jupiter étaient de la partie.
DE JEUNES BÉNÉVOLES déguisés en esclaves reproduisent les gestes des vendangeurs au temps des Romains. © PHOTOS : F. BAL

DE JEUNES BÉNÉVOLES déguisés en esclaves reproduisent les gestes des vendangeurs au temps des Romains. © PHOTOS : F. BAL

AVANT DE COMMENCER LES VENDANGES, le prêtre romain, ou flamine, prélève une grappe de raisin pour la donner en offrande à Jupiter.

AVANT DE COMMENCER LES VENDANGES, le prêtre romain, ou flamine, prélève une grappe de raisin pour la donner en offrande à Jupiter.

SOUS L'ŒIL DES NOMBREUX VISITEURS, des bénévoles reproduisent une scène de banquet comme le pratiquaient les hommes de l'Antiquité.

SOUS L'ŒIL DES NOMBREUX VISITEURS, des bénévoles reproduisent une scène de banquet comme le pratiquaient les hommes de l'Antiquité.

Ciel bleu et soleil radieux étaient au rendez-vous de cette Xe édition de Vinalia. La fête, organisée par le musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal, dans le Rhône, a remporté un franc succès. Moyennant un droit d'entrée de 6 €, près de 1 300 curieux ont ainsi déambulé sur le site archéologique pour découvrir la quinzaine d'ateliers montrant les us et coutumes de l'Antiquité.

« Les Vinalia étaient les festivités que les Romains organisaient à l'occasion des vendanges, explique Christophe Caillaud, en charge de la manifestation. La journée est rythmée par des reconstitutions de saynètes historiques représentées par des bénévoles. » Les visiteurs ont pu tour à tour assister aux vendanges romaines précédées d'une incantation à Jupiter, à un symposion grec (« repas », NDLR) et un banquet romain, puis au foulage et au pressurage des raisins fraîchement cueillis. À 11 heures, le flamine (prêtre dédié à un dieu unique) de Jupiter ouvre le ban, après avoir prélevé une grappe sur l'un des 300 pieds de vigne du domaine appartenant au musée. « Ô Jupiter, le très grand, le très haut Jupiter, maître des cieux, déclame-t-il [...] Jupiter, il est juste de t'offrir le vin que nous te devons [...] ». Sitôt l'invocation terminée, une équipe d'esclaves vendangeurs, équipés de serpettes et de paniers en osier, se met à l'oeuvre dans les rangs. Plus loin, sont concentrés des ateliers « techniques ». Pierre-Alain Capt, potier archéo-céramiste suisse, enchaîne sur son tour le montage d'amphores. À deux pas, le stand de fabrication de poix montre comment en chauffant du bois on extrait cette résine, utilisée jadis pour étanchéifier et assainir les jarres.

Le tout nouvel atelier de présentation des vertus médicales du vin dans l'Antiquité est, lui, très sollicité. Laure Vergonzanne, médiatrice du musée et spécialiste des vins antiques médicinaux, transmet son savoir à un auditoire curieux. « Dans l'Antiquité, raconte-t-elle, il y a beaucoup de décoctions, d'ingrédients pilés, macérés et mélangés au vin. C'est la base de nombre de médicaments. Et le vin est un remède en lui-même. » Comment se soignaient nos aïeux ? Simple. Pour un problème digestif, une coupe de vin et de grenades faisait l'affaire. Une toux tenace ? Rien de tel qu'un vin coupé d'eau de mer rehaussé de gousses d'ail pilées. Alors qu'un mélange d'eau, de miel, de vinaigre et de laurier réveillait le comateux. Autant d'informations passionnantes.

Ailleurs encore, plusieurs stands proposent de goûter des vins « archéologiques » élaborés selon les recettes d'antan. Ignorant le sulfitage, les Romains conservaient les vins en y ajoutant nombre d'ingrédients : plantes, épices, miel, defrotum (moût chauffé concentré), mais aussi - ce qui est plus difficile à imaginer pour nos esprits contemporains - eau de mer ou plâtre. Les vins sont donc le plus souvent aromatisés avec du miel, des plantes ou des épices. Les commentaires étonnés du public fusent : « C'est sucré ! », « On dirait bien du cumin », « Ah bon, c'est de la rose ? ».

Après cette journée riche d'enseignements, les visiteurs ont pu acheter des vins antiques élaborés par le Mas des Tourelles, à Beaucaire, dans le Gard, spécialiste reconnu en la matière. Idéal pour prolonger la fête en regagnant... ses pénates !

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :