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VIN

Peser en continu pour raisonner les intrants

GRÉGORY PASQUIER - La vigne - n°269 - novembre 2014 - page 72

Le Château Gruaud Larose, dans le Médoc, a acheté deux tables qui pèsent les raisins en continu après éraflage. Depuis, il connaît le rendement de chaque parcelle et peut calculer avec précision la dose de SO2 et de produits oenologiques pour chacune de ses cuves.
CETTE TABLE SITRANS WW200 DE SIEMENS pèse précisément et en continu la vendange à la sortie de la table de tri.  PHOTOS : G.  PASQUIER

CETTE TABLE SITRANS WW200 DE SIEMENS pèse précisément et en continu la vendange à la sortie de la table de tri. PHOTOS : G. PASQUIER

L'INTÉGRATEUR MILLTRONICS BW500 contrôle la table. Son écran à cristaux liquides indique le débit horaire instantané ainsi que le poids total de raisin rentré depuis le début des vendanges.

L'INTÉGRATEUR MILLTRONICS BW500 contrôle la table. Son écran à cristaux liquides indique le débit horaire instantané ainsi que le poids total de raisin rentré depuis le début des vendanges.

STÉPHANIE LEBARON, future maître de chai du Château Gruaud Larose, surveille, depuis ce poste de contrôle, le poids de vendange qui est en train de rentrer dans le chai. Ce poids est ensuite directement intégré dans le logiciel Lavilog de Lamouroux et converti en hl de vin.

STÉPHANIE LEBARON, future maître de chai du Château Gruaud Larose, surveille, depuis ce poste de contrôle, le poids de vendange qui est en train de rentrer dans le chai. Ce poids est ensuite directement intégré dans le logiciel Lavilog de Lamouroux et converti en hl de vin.

À LA SORTIE DE LA TABLE, une lame en polyéthylène de haute densité (UHMW) racle la bande pour la nettoyer. Cette lame est reliée à un mécanisme de réglage de la tension, installé au niveau du tambour d'entraînement.

À LA SORTIE DE LA TABLE, une lame en polyéthylène de haute densité (UHMW) racle la bande pour la nettoyer. Cette lame est reliée à un mécanisme de réglage de la tension, installé au niveau du tambour d'entraînement.

AU MILIEU DE LA BANDE TRANSPORTEUSE, la table de pesée repose de chaque côté sur des capteurs à jauge de contrainte.

AU MILIEU DE LA BANDE TRANSPORTEUSE, la table de pesée repose de chaque côté sur des capteurs à jauge de contrainte.

Lorsque les raisins arrivent à ce niveau, les capteurs se déforment modifiant un signal électrique transmis à l'intégrateur. Grâce à cela, ce dernier peut calculer le poids de raisin qui passe sur la table.

Lorsque les raisins arrivent à ce niveau, les capteurs se déforment modifiant un signal électrique transmis à l'intégrateur. Grâce à cela, ce dernier peut calculer le poids de raisin qui passe sur la table.

En pénétrant dans le chai du Château Gruaud Larose à Saint-Julien-de-Beychevelle, en Gironde, ce jeudi 25 septembre, pas de doute. On est ici dans la cour des grands. Deux chaînes de réception identiques sont installées en parallèle. Elles sont alimentées par des bennes élévatrices autovidantes remplies de raisins ramassés à la main. Ceux-ci sont acheminés par une sauterelle dans un érafloir Delta Oscillys de Bucher Vaslin. Les rafles passent dans un broyeur et serviront à faire du compost. Les baies éraflées, elles, tombent sur une table d'égouttage et de tri. Trois personnes en retirent les morceaux de rafles et les débris végétaux. C'est ensuite que les baies arrivent sur un système unique en France : une table de pesée en continu de Siemens.

Le Château Gruaud Larose en a acheté deux pour un montant total avoisinant les 45 000 € en 2011. Le but était de connaître le rendement exact de chaque parcelle et la quantité précise de vendange dans chacune de ses cuves. « Si le rendement d'une parcelle est supérieur à ce que l'on souhaite, nous pouvons pratiquer une saignée très précise en connaissant le poids exact de raisin que nous encuvons », indique Philippe Carmagnac, le maître de chai. En outre, connaître la quantité de raisin dans la cuve permet de calculer précisément le SO2 et tous les intrants qu'il est nécessaire d'ajouter.

Avant d'acheter la table peseuse, Philippe Carmagnac possédait un conquet-bascule. Mais, contrairement à la table, il était long à nettoyer. Et la vendange y tombait brutalement alors qu'avec la nouvelle installation, elle atterrit en douceur sur un tapis élévateur qui la conduit vers l'érafloir.

Compacte, la table mesure un peu plus d'un mètre cinquante de long sur un mètre de large. La bande transporteuse est en polyester recouvert de polyuréthane. Ce matin, elle tourne à une vitesse de 0,04 m/s. « Il est possible d'aller plus vite car le variateur de vitesse n'est qu'à 60 % », indique Patrice Ravidat, responsable technique de la société Piso (Pesage industriel du Sud-Ouest), distributeur de Siemens à Léognan. Cette vitesse dépend du débit en amont de la table. Là, elle est largement suffisante pour évacuer les baies vers le fouloir.

« La table mesure un poids de vendange par mètre », explique le technicien. L'intégrateur électronique Milltronics BW500 qui l'équipe transforme cette donnée en poids par unité de temps. On peut donc visualiser en temps réel sur un écran à cristaux liquides le débit de vendange en tonne par heure.

« Regardez, la table tourne à vide, nous sommes à 0 t/h. » Les premiers raisins arrivent. Le débit augmente en quelques secondes : 2,36 t/h, 4,13 t/h puis 6,52 t/h. « Avec cette table, nous pouvons peser sans problème jusqu'à 10 t/h », précise Patrice Ravidat. En effet, le débit grimpe jusqu'à 9,42 t/h. Mais le fouloir ne suit pas. Un opérateur doit ralentir le rythme de déchargement des raisins en aval.

Comme l'explique Patrice Ravidat, la marge d'erreur de la table est inférieure à 1 %. C'est-à-dire que pour 100 kg de vendange, elle indique une valeur de plus ou moins 1 kg par rapport au poids réel. Un degré de précision bien suffisant pour le Château Gruaud Larose qui souhaitait un calcul des quantités à 2 % près. Pour atteindre un tel niveau de sensibilité, il faut que la table soit stable. « Mettez votre main sur le châssis, vous verrez, il n'y a aucune vibration. » Et en effet, la table, complètement indépendante des autres équipements de la chaîne de réception, ne bouge pas d'un poil !

Ce qui intéresse avant tout Philippe Carmagnac et Stéphanie Lebaron, qui succédera au maître de chai lorsqu'il partira à la retraite début 2015, c'est le poids exact des raisins issus de chaque parcelle et le poids envoyé dans chaque cuve. Pour le savoir, rien de plus simple. À côté de la table, un ouvrier nous explique le raisonnement en nous montrant l'écran. Sous le débit, la ligne « Total » indique 12,820 tonnes. « Nous avons commencé les vendanges hier. C'est le poids de raisin que nous avons rentré depuis », indique-t-il. Ce total ne cessera de croître. En calculant la différence entre le poids affiché à l'arrivée d'une benne et le poids à la fin du déchargement, l'ouvrier peut connaître la quantité de récolte qui vient de rentrer, calculer le rendement de chaque parcelle et suivre le remplissage des cuves.

« Actuellement, nous remplissons une cuve de 55 hl, poursuit l'ouvrier. Comme j'ai noté le poids que nous avions rentré avant de remplir cette cuve, je sais, par différence avec le poids qui s'affiche désormais, qu'il manque encore 900 kg environ pour que la cuve soit pleine. La totalité des raisins contenus dans la benne rentrera sans problème dans cette cuve. »

Pendant que la benne se vide, Stéphanie Lebaron prélève du jus de raisin pour en mesurer la densité et l'acidité totale. Une fois la totalité des raisins passés, elle stoppe, depuis son poste, l'acquisition des données de la table peseuse. Les résultats sont alors directement intégrés dans le logiciel Lavilog de la société Lamouroux. « Vous voyez, nous obtenons 837 kg de raisin pour cette benne, ce qui correspond à 6,975 hl. Nous avons intégré dans le logiciel le coefficient 120 correspondant à 120 kg de vendange pour 1 hl de vin. »

Philippe Carmagnac visualise les mêmes informations sur un autre ordinateur. Il prépare un bon de travail pour l'un de ses ouvriers. La cuve B43 est pleine. Il ouvre la fiche correspondante dans le logiciel Lavilog. Cette cuve contient 15 111 kg de vendange soit 125,9 hl de vin. Le maître de chai veut que son ouvrier la sulfite à 2 g/hl, puis y ajoute 20 g/hl de levure et 30 g/hl d'activateurs de croissance. Le logiciel calcul les quantités précises de ces différents produits : 252 g de SO2, 2 518 g de levures et 3 778 g d'activateurs. Fini les gaspillages. L'ouvrier n'a plus qu'à suivre ces instructions.

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