COURAMMENT UTILISÉE EN FRANCE pour les IGP et VSIG, la taille mécanique de précision (TMP, ou taille rase), reste interdite dans la plupart des cahiers des charges des AOP. À juste titre ? Pour le savoir les chambres d'agriculture du Vaucluse et des Bouches-du-Rhône l'ont étudiée, entre 2008 et 2012, dans des parcelles en appellations Côtes-du-Rhône et Coteaux-d'Aix-en-Provence.
Les recherches ont porté sur sept parcelles de grenache, syrah et mourvèdre. Les résultats révèlent que la TMP n'a pas, ou peu, d'impact sur la résistance au stress hydrique, la surface foliaire, la date de récolte, ou l'état sanitaire de la vigne. Visuellement, il est impossible, en saison comme en hiver, de distinguer de loin les deux modes de taille.
En revanche, l'étude met en avant un gain de temps considérable. La TMP demande en effet entre 2 h 30 et 4 h 30 de travail par hectare, durée à laquelle il faut rajouter entre 15 et 20 h/ha de reprise manuelle pour couper les sarments oubliés, quand la taille manuelle nécessite 40 à 60 h/ha. Du simple au triple.
Côté rendement, malgré une taille mécanique sévère, le nombre de bourgeons augmente en moyenne de 37 %. Heureusement, tous ne sont pas fructifères et la production finale en raisins n'est rehaussée que de 12 % environ. Les grappes sont plus nombreuses mais plus petites.
Côté vin, les analyses oenologiques ne sont pas très affectées par la TMP. On relève simplement un indice de polyphénols totaux en baisse de 5 %.
À la dégustation, peu de différences sont perçues par le jury, même si les vins issus de la TMP se révèlent légèrement plus acides, fruités, et présentent un profil tannique plus intense. Les critères d'attribution de l'AOP sont généralement respectés. Sur cinq millésimes, seuls quatre vins sur 26 ont présenté une couleur ou un IPT inférieurs aux seuils fixés par les cahiers des charges.